Walt Whitman – O Moi ! O la vie ! (O Me! O Life!, 1872)
O moi ! O la vie ! Les questions sur ces sujets qui me hantent,
Les cortèges sans fin d’incroyants, les villes peuplées de sots,
Moi-même qui constamment me fais des reproches, (car qui est plus sot que moi et qui plus incroyant ?)
Les yeux qui vainement réclament la lumière, les buts méprisables, la lutte sans cesse recommencée,
Les pitoyables résultats de tout cela, les foules harassées et sordides que je vois autour de moi,
Les années vides et inutiles de la vie des autres, des autres à qui je suis indissolublement lié,
La question, O moi ! si triste et qui me hante – qu’y a-t-il de bon dans tout cela, O moi, O la vie ?
Réponse :
Que tu es ici – que la vie existe et l’identité,
Que le puissant spectacle se poursuit et que tu peux y apporter tes vers.
*
Oh me! Oh life! of the questions of these recurring,
Of the endless trains of the faithless, of cities fill’d with the foolish,
Of myself forever reproaching myself, (for who more foolish than I, and who more faithless?)
Of eyes that vainly crave the light, of the objects mean, of the struggle ever renew’d,
Of the poor results of all, of the plodding and sordid crowds I see around me,
Of the empty and useless years of the rest, with the rest me intertwined,
The question, O me! so sad, recurring—What good amid these, O me, O life?
Answer.
That you are here—that life exists and identity,
That the powerful play goes on, and you may contribute a verse.
***
Walt Whitman (1819-1892) – Leaves of Grass (1892) – Feuilles d’herbe
(Poésie/Gallimard, 2002) – Traduit de l’américain par Jacques Darras.
J’adOore!
Je ne sais pas quoi dire, si ce n’est.. que ça me réconforte.
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C’est réconfortant aussi de voir les publicitaires utiliser la poésie dans leurs spots (Existe t’il une anthologie des publicités utilisant la poésie ?) même si je ne suis pas convaincu que la façon dont ce poème, largement amputé, est declamé soit la plus heureuse. Je n’aime pas quand la poésie est dite sur un ton emphatique. La voix rocailleuse ne me plait pas non plus, le cliché du vieux qui a roulé sa bosse associé à la sagesse a fait son temps dans mon esprit. L’actualité nous montre tous les jours que la sottise n’est ni l’apanage des jeunes, ni même des incultes.
sahttp://m.youtube.com/watch?v=AZ4XMXlXSmE
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En fait cet pub est en quelque sorte un « hommage » au Cercle des poètes disparus. Si l’on fait bien attention on reconnait la voix française de Robbin Williams et surtout c’est la citation exacte du film c’est la raison pour laquelle le poème est amputé et que la voix est celle qu’elle est. Personnellement je trouve que la citation se prête bien à la pub et étant une grande fan du Cercle des poètes disparus je suis également heureuse de la déclamation qui me rappelle plus un professeur pour le coup qu’un vieux sage.
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Bonjour Lynn,
Du cercle des poètes disparus finalement il ne me reste presque qu’une image, celle du professeur qui arrache gaiement les pages d’un livre et exhorte ses élèves à en faire autant. Ouais… on est libre de les déchirer, de les brûler même les livres… Autant te dire que ce film ne pas enthousiasmé. Il y avait aussi ces jeunes qui montaient sur les tables en répétant ce slogan trivial « Carpe Diem ». Le film Full Métal Jacket m’a par contre laissé un souvenir indélébile. Il s’agit aussi dans la première des deux parties de jeunes gens confrontés à un autoritarisme abjecte. Le slogan inscrit sur le casque d’un de ces soldats n’est pas trivial « Born to kill ». Je te recommande vivement ce film, extrait ;
Bonne soirée
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Pour finir de te convaincre, puisque tu es amateur de poésie, le langage employé par le sergent Hartman en est rempli.
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Le professeur incite ses élèves à déchirer les pages d’un manuel scolaire si académique qu’il fait de la poésie une marchandise. Et d’ailleurs dans la même scène, il dessine ironiquement au tableau le graphique censé mettre en équation la valeur d’un poème!!
Mais il donne en revanche à ses élèves le goût de toutes ces poésies qui apprennent la beauté, l’émotion qui bouleverse l’âme humaine. Un enseignement qui leur permettra à leur tour d’ajouter leurs propres rimes.
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Je chéris le débat,
Plus d’idées, plus d’ébats.
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Je chéris le débat,
Plus d’idées, plus d’ébats !
C’est mieux comme ça !
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Pour tout dire, je crains moins la page blanche que je ne crains la page absente.
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But ;
http://m.youtube.com/watch?v=7KJjVMqNIgA
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Pour en dire encore plus et vous proposer une version encore plus pêchue, je crains moins l’angoisse de la page blanche que celle de la page absente, mais…
http://m.youtube.com/watch?v=cvsI3jc4pPA
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Et pour en dire encore plus que plus, je crains moins l’angoisse de la page blanche que l’angoisse de ma page absente, mais je survivrai.
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« Un khoan bouddhique dit ceci: « Le maître tient la tête du disciple sous l’eau, longtemps, longtemps; peu à peu les bulles se raréfient; au dernier moment, le maître sort le disciple, le ranime: quand tu auras desiré la verité comme tu as desiré l’air, alors tu sauras ce qu’elle est. »
L’absence de l’autre me tient la tête sous l’eau; peu à peu j’étouffe, mon air se rarefie: c’est par cette asphyxie que je reconstitue ma « verité » et que je prépare l’Intraitable de l’amour. »
Roland Barthes, Fragments du discours amoureux, Ed. Seuil
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le Cercle des Poètes disparus a marqué toute une génération. Moi aussi je suis fan de ce film Lynn 🙂
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