Alexandre Pouchkine – Le souvenir
Lorsque pour tout mortel vient cette paix du soir,
Prix des tâches utiles,
Et que la nuit répand son transparent brouillard
Au-dessus de la ville ;
Heure après heure alors, ignorant le sommeil,
Je languis, brûle et songe,
Et dans l’inaction de la nuit, en éveil
Un long chagrin me ronge.
Mon rêve bout, l’esprit succombe à ma langueur,
A mes sombres pensées ;
Le souvenir déroule un papyrus vengeur
Où ma vie est tracée.
Je lis à contrecoeur et tout en frémissant,
Je les maudis, je pleure,
Mais je n’efface pas ces mots bouleversants,
Ces tristes mots demeurent.
1828
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Alexandre Pouchkine (1799-1837) – Anthologie de la poésie russe (Gallimard/Poésie, 1993) – Traduit du russe par Katia Granoff.