Federico García Lorca – Suicide (peut-être parce que tu ignorais la géométrie)
Le jeune homme perdait mémoire de lui-même.
Il était dix heures du matin.
Son cœur peu à peu s’emplissait
de fleurs de chiffon et d’ailes brisées.
Il nota qu’il ne lui restait
plus qu’une parole aux lèvres.
Ôtant les gants, il vit tomber
de ses mains une cendre fine.
Du balcon se voyait une tour.
Il se sentit balcon et tour.
Il crut voir que le fixait
la montre prise dans son boîtier.
Il vit son ombre étendue et calme
sur le blanc divan de soie.
Le jeune homme, géométrique et roide,
d’un coup de hache brisa le miroir.
A ce geste un grand jet d’ombre
inonda la chimérique alcôve.
*
Suicidio (Quizá fue por no saberte la Geometría)
El jovencito se olvidaba.
Eran las diez de la mañana.
Su corazón se iba llenando
de alas rotas y flores de trapo.
Notó que ya no le quedaba
en la boca más que una palabra.
Y al quitarse los guantes, caía,
de sus manos, suave ceniza.
Por el balcón se veía una torre.
El se sintió balcón y torre.
Vio, sin duda, cómo le miraba
el reloj detenido en su caja.
Vio su sombra tendida y quieta
en el blanco diván de seda.
Y el joven rígido, geométrico,
con un hacha rompió el espejo.
Al romperlo, un gran chorro de sombra
inundó la quimérica alcoba.
***
Federico García Lorca (1898-1936) – Canciones 1921-1924 – Traduit par ?
Magnifique de sobriété, de la grandiloquence cependant dans ces mots si bien prélevés et qui sonnent si juste……..Froids , précis et nets et l’acte fut !!! merci pour cet extrait ! Bon dimanche !
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tilt66 said this on octobre 18, 2009 à 2:10 |