Alfonsina Storni – Je vais dormir (Voy a dormir, 1938)

Dents de fleurs, coiffe de rosée,
mains d’herbe, toi ma douce nourrice,
prépare les draps de terre
et l’édredon sarclé de mousse.

Je vais dormir, ma nourrice, berce-moi.
Pose une lampe à mon chevet;
une constellation, celle qui te plaît;
elles sont toutes belles : baisse-la un peu.

Laisse-moi seule : écoute se rompre les bourgeons…
un pied céleste te berce de tout là-haut
et un oiseau esquisse quelques voltes

pour que tu puisses oublier… Merci. Ah, une dernière chose :
s’il venait à me téléphoner
dis-lui qu’il n’insiste pas et que je suis sortie…

*

Voy a dormir

Dientes de flores, cofia de rocío,
manos de hierbas, tú, nodriza fina,
tenme prestas las sábanas terrosas
y el edredón de musgos escardados.

Voy a dormir, nodriza mía, acuéstame.
Ponme una lámpara a la cabecera;
una constelación, la que te guste;
todas son buenas, bájala un poquito.

Déjame sola: oyes romper los brotes…
te acuna un pie celeste desde arriba
y un pájaro te traza unos compases

para que olvides… Gracias… Ah, un encargo:
si él llama nuevamente por teléfono
le dices que no insista, que he salido.

***

Alfonsina Storni (1892-1938) – Traduit de l’espagnol (Argentine) par Egon Kragel.

La poétesse argentine Alfonsina Storni a écrit ce poème-testament trois jours avant de se suicider le 25 octobre 1938 en se noyant dans la mer à Mar del Plata en Argentine.

~ par schabrieres sur janvier 20, 2010.

4 Réponses to “Alfonsina Storni – Je vais dormir (Voy a dormir, 1938)”

  1. l’ironie de la chute devait être à la mesure de son désarroi et de sa souffrance.

    J’aime

  2. Une nouvelle année approche .Je sens une attirance pour ces femmes dsouloureuses qu’ont été Alfonsina STORNI et Alejandra PIZNAK.
    La sensibilité de leurs poèmes me touche terriblement.

    J’aime

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