Silvina Ocampo – La beauté (La belleza, 1949)
Ah, qui pourrait expliquer la beauté !
Secrète dans son enveloppe céleste de cristal,
comme un pendule ou un ange sous un globe
qui brille et spontanément nous offre
le bonheur ou la tristesse.
Expliquer la beauté ! Nue, tremblante et dessinée
sur la poussière ou le marbre du temps que de longues
heures assoiffées contemplent, liment, polissent attentives,
comme la douce pierre où se posent les lèvres
de la mer qui traverse les tempêtes.
Schopenhauer n’a pas su la définir et en vain
Platon dans ses Dialogues l’évoqua tant de fois.
Elle tremble comme dans l’eau que l’obscurité scelle,
le parfait reflet d’une aile ou d’une main
ou d’une ancienne étoile.
Ah! qui pourrait dire de quelles fébriles substances
elle naît, et à quel moment, avec quelles mesures
furent découverts ses visages si pleins de mystérieuses,
fugaces perfections, à l’image des parfums
infondés d’une fleur.
***
Silvina Ocampo (1903-1993) – Poemas de amor desesperado (1949) – Poèmes d’amour désespéré (Corti, 2010) – Traduit de l’espagnol (Argentine) par Silvia Baron Supervielle.
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~ par schabrieres sur mars 3, 2010.
Publié dans Silvia Baron Supervielle, Silvina Ocampo
Étiquettes: ange, étoile, beauté, bonheur, mer, parfum, perfection, platon, poétesse, poussière, schopenhauer, Silvina Ocampo, tempête, tristesse, visage
Une Réponse to “Silvina Ocampo – La beauté (La belleza, 1949)”
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On dit que la beauté est ce qui rend le monde habitable. Je le pense aussi, mais moi non plus je ne peux la définir. Je crois en tout cas qu’elle n’est pas dans des objets, mais dans des événements.
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