Attila József – Amer (Keserű, 1929)
O radioactivité, je lis en mangeant une tranche de pastèque,
je sais bien
que le monde ne change qu’en nous.
Je suis une crécelle bariolée ; c’est tout, vous m’entendez ! Derrière
mon visage transparent voltigent les fleurs surgies du courant
électrique.
Ce siècle d’humanistes m’arrache à mon amante ; ô tristesse
transcendée, mets le feu cette nuit aux asiles !
Les agneaux sont des ovins, et moi je suis un âne, et mon ombre
allongée est le berger.
Quand je ferme les yeux, les avions s’écrasent au sol, même ceux-ci.
Ceux-ci qui tous les jours prennent leur vol hors de moi.
O grain de poussière brillant, arrête les moteurs plaqués or ;
quoi que tu fasses, la ménagère te chassera de son balai.
O ménagère, ô amante ! Elle pleure, pleure sans arrêt, et l’élan
de ses larmes fait à jamais tourner les turbines hors d’usage.
Dommage. Dommage aussi pour nous.
Mais vivent les apprentis rémouleurs qui marchent en sifflant
et ignorent que la voûte céleste, les ailes déployées, se réfugie
au fond des portefeuilles.
***
Tant de possibles à cette lecture…
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