Fernando Pessoa – Il pleut. Qu’ai-je fait de ma vie ? (Chove. Que fiz eu da vida? 1931)
Il pleut. Qu’ai-je fait de ma vie ?
J’en ai fait ce qu’elle a fait de moi…
De l’avoir pensée, mal vécue…
Tristesse d’un tel homme !
Dans une angoisse sans remède
J’ai de la fièvre à l’âme, et, quand je suis,
Je ne ressens que le manque, à même l’ennui,
De tout ce dont je n’ai jamais eu le désir.
Ce moi qu’autrefois j’aurais pu être,
Qu’est-il devenu ? Plein de haines mesquines
Envers moi, me voici séparé
De moi. Si au moins il pleuvait moins !
*
Chove. Que fiz eu da vida?
Fiz o que ela fez de mim…
De pensada, mal vivida…
Triste de quem é assim!
Numa angústia sem remédio
Tenho febre na alma, e, ao ser,
Tenho saudade, entre o tédio,
Só do que nunca quis ter…
Quem eu pudera ter sido,
Que é dele? Entre ódios pequenos
De mim, estou de mim partido.
Se ao menos chovesse menos!
23-10-1931
***
Fernando Pessoa (1888-1935) – Traduit du portugais par Michel Chandeigne et Patrick Quillier.
Je viens d’écrire sur la pluie
elle suscite plein de commentaires
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Bonjour, Jean-Paul.
Vous avez le lien de votre texte ?
Coline
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Je viens de le lire, beau texte.
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Le voici:
http://jeanpaulgalibert.wordpress.com/2011/05/27/la-mort-est-elle-une-pluie/
Vous me direz votre avis?
A bientôt
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La complainte de Pessoa, sa supplique quand il rêve la vie
et qu’il nous en convainc avec ses mots au bord des larmes,
avec ses mots d’émotion étranglée.
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mourir n’est pas vieillir!!
n’en déplaise aux vivants!!
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Le grand réconfort de pouvoir se plaindre du temps.
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« D’ailleurs il ne fait pas tous les jours soleil,
et la pluie, si elle vient à manquer très fort, on l’appelle.
C’est pourquoi je prends le malheur avec le bonheur,
naturellement, en homme qui ne s’étonne pas
qu’il y ait des montagnes et des plaines
avec de l’herbe et des rochers. »
Fernando Pessoa
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Monsieur,
chaque matin vous éclairez ma vie, lui donnez sens, la colorez à petites touches, à sublimes mots. Aujourd’hui, encore d’un Pessoa l’autre, vous faites littéralement vibrer, mon être, mon âme. Un rayon de bonheur a jailli du fond de l’horizon en une danse imparable les oiseaux sont entrés en scène. Vous êtes le messager des beautés renouvelées. Merci à vous
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