Lou Andreas-Salomé – À la douleur (An den Schmerz)
Qui peut te fuir une fois saisi par toi,
Quand tu le fixes de ton regard ténébreux?
Je ne m’enfuirai pas quand tu m’auras saisie.
Je ne croirai jamais que tu ne fais que détruire.
Je le sais, toute vie est par toi traversée.
Rien n’existe ici-bas qu’un jour tu ne le touches.
La vie sans toi, certes, elle serait belle,
Mais toi aussi, douleur, mérites qu’on te vive.
Non, tu n’es pas un fantôme de la nuit,
Tu viens rappeler à l’âme qu’elle est forte,
C’est le combat qui a rendu grand les plus grands,
– Le combat vers un but, par de durs chemins.
Si donc, douleur, au lieu de bonheur et de plaisir
Tu peux me donner l’Unique, la vraie grandeur,
Alors, viens et laisse-nous lutter corps à corps,
Oui, viens, notre lutte fût-elle mortelle.
Pénètre au plus profond de mon cœur
Et creuse au plus profond de ma vie,
Ôte-moi le rêve de l’illusion et du bonheur,
Ôte-moi tout ce qui ne valait pas les aspirations infinies.
Tu ne remportes pas sur l’homme la dernière victoire,
Même s’il offre sa poitrine à tes coups,
Même s’il tombe mortellement blessé –
– Tu es le socle où repose la grandeur de l’esprit.
***
Je cherche ce magnifique poème en allemand, et je le n’ai pas encore trouvé…. Si vous l’avez ….
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An den Schmerz
Wer kann dich fliehn, den du ergriffen hast,
Wenn du das dunkle Auge auf ihn richtest?
Ich will nicht flüchten, wenn du mich· erfaßt,
– Ich glaube nimmer, daß du nur vernichtest.
Ich weiß, durch jedes Leben mußt du gehn
Und nichts bleibt unberührt von dir auf Erden,
Das Leben ohne dich – es wäre schön!
Und doch – du bist es wert, gelebt zu werden.
Gewiß, du bist nicht ein Gespenst der Nacht,
Du kommst, den Geist an seine Kraft zu mahnen,
Der Kampf ist’s, der die Größten groß gemacht,
– Der Kampf ums Ziel, auf unwegsamen Bahnen.
Und drum, kannst du mir nur für Glück und Lust
Das Eine, Schmerz: die echte Größe geben,
Dann komm, und laß uns ringen, Brust an Brust,
Dann komm, und sei es auch um Tod und Leben.
Dann greife in des Herzens tiefsten Raum
Und wühle in dem Innersten des Lebens,
Nimm hin der Täuschung und des Glückes Traum,
Nimm, was nicht wert war unbegrenzten Strebens.
Des Menschen letzter Sieger bleibst du nicht,
Ob er auch deinem Schlag die Brust entblöße,
Ob er im Tode auch zusammenbricht, –
– Du bist der Sockel für die Geistesgröße-.
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