Armand Robin – Le programme en quelques siècles (1945)
On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière.
On supprimera l’Âme
Au nom de la Raison,
Puis on supprimera la raison.
On supprimera la Charité
Au nom de la Justice,
Puis on supprimera la justice.
On supprimera l‘Amour
Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité.
On supprimera l’Esprit de Vérité
Au nom de l’Esprit critique,
Puis on supprimera l’esprit critique.
On supprimera le Sens du Mot
Au nom du Sens de mots,
Puis on supprimera le sens des mots.
On supprimera le Sublime
Au nom de l’Art,
Puis on supprimera l’art.
On supprimera les Écrits,
Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires.
On supprimera le Saint
Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.
On supprimera le Prophète
Au nom du Poète,
Puis on supprimera le poète.
On supprimera l’Esprit
Au nom de la Matière,
Puis on supprimera la matière.
AU NOM DE RIEN ON SUPPRIMERA L’HOMME.
ON SUPPRIMERA LE NOM DE L’HOMME:
IL N’Y AURA PLUS DE NOM
NOUS Y SOMMES.
***
Armand Robin (1912-1961) – Poèmes indésirables (1945)
Ecouter ce poème d’Armand Robin lu par Jean-Luc Godard sur une musique de Erwan Courtel:
je connaissais ce poème mais là,… par Godard, j’en pleure
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KO_DO said this on juin 13, 2012 à 12:16 |
Je trouve ça niais et idéologiquement suspect…
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luestan said this on juin 14, 2012 à 7:32 |
Ainsi, pour faire mentir Armand Robin, le commentaire doit retourner à sa source:
On supprimera l’Esprit de Vérité
Au nom de l’Esprit critique,
Puis on supprimera l’esprit critique.
Bonne journée
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Armand said this on juin 14, 2012 à 8:18 |
Il ment en effet parce que le Commentaire est un Écrit et l’Écrit est un Commentaire…
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luestan said this on juin 14, 2012 à 12:52 |
Il y a si peu d’écart entre un mot et son mensonge qu’il faut être poète pour avoir idée d’éventer le mensonge dans le poème. Le mensonge est la vérité de ce poème, c’est ce qui le rend vraiment authentique. Mais c’est ici que le poème se passe de commentaires. Regardez, n’est ce pas émouvant comme un crépuscule ? Ici, nulle part et partout avec ces petits clapotis de clavier numériques et ce souffle ventilé sur le bord du monde inauthentique ?
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Armand said this on juin 14, 2012 à 2:37 |
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mon tale said this on juin 14, 2012 à 6:19 |
Je vous ai emprunté ce magnifique poème pour le mettre sur Blogskaia. Merci.
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blogskaia said this on juin 25, 2012 à 9:37 |
vraiment, je ne connaissais pas ce poète… quelle putain de découverte!! merci, oui oui oui
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charles said this on juillet 31, 2012 à 12:03 |
Quitte à vous décevoir ce n’est pas JL Godard qui lit ce texte, mais un comédien qui imite sa voix, extrait d’une émission de France Culture « Poésie sur Parole » diffusée un 1 er avril….
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Germain said this on février 23, 2018 à 4:52 |
Bonjour! Je suis athée, et je ne crois qu’en l’homme, comme le chantait Catherine Ribeiro. Cela dit, je comprends qu’on ait pu écrire un tel poème en 1945. Je crois, moi, que l’homme peut grandir et faire grandir l’humanité s’il œuvre pour l’écologie, la justice sociale, la fraternité, la liberté de penser et d’écrire, l’éducation. Mais c’est sans doute moins poétique …
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Michèle Marie said this on février 23, 2018 à 5:22 |
Bonsoir. Je suis entièrement d’accord avec vous. Encore faudrait-il que l’homme croit en l’homme.
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schabrieres said this on février 23, 2018 à 7:44 |
N’étant pas aussi pessimiste, j’aurais écrit à la place du dernier vers : « Nous y sommes presque. »
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schabrieres said this on février 23, 2018 à 7:49 |