Alexandre Pouchkine – Tel l’enfant animé d’un espoir enchanteur…
Tel l’enfant animé d’un espoir enchanteur,
Si je croyais que l’âme, après mille douleurs,
Emportait, échappant à la chair qui empeste,
La mémoire et l’amour vers l’abîme céleste,
J’aurais depuis longtemps quitté ce monde-ci,
J’aurais brisé la vie, idole sans merci,
Volant vers un pays de liberté, de fête,
Vers un pays sans mort, sans forme toute faite,
Où la pure pensée luit dans l’azur bleuté…
Mais je m’abuse en vain de ce rêve exalté,
Ma raison me poursuit, méprise toute ivresse :
A la mort, le néant est la seule promesse.
Quoi, rien ? ni la pensée, ni le premier amour ?
J’ai peur ! Et je retourne, avide, vers le jour,
Et je veux vivre, et vivre, et qu’une image chère
Se cache, vibre et brûle en mon âme éphémère.
1823
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Alexandre Pouchkine (1799–1837) – Le Soleil d’Alexandre : Le Cercle de Pouchkine 1802-1841 (Actes Sud, 2011) – Traduit du russe par André Markowicz.
Je découvre grâce à vous ce superbe texte, et vous retourne celui-ci :
« La complainte :
O vous les amantes et les mères
Qui tricotiez au bord du fleuve
Qui vous miriez dans les fontaines
Qui pétrissiez l’argile douce
Dans les manufactures anciennes
Tournant vos yeux vers les plus forts
D’émotion tremblaient vos paupières
Et dans de douceâtres églises
Des prédicateurs roux et noirs
Appelaient la douceur d’évangile
Jusque sur les hommes des îles. »
Jean Follain, Usage du temps.
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