Li Po – S’éveillant de l’ivresse un matin de printemps
Puisque vivre en ce monde est le songe d’un songe
ni souci, ni travail ne me le gâcheront.
Et du matin au soir je bois et je m’enivre
endormi, allongé sur le pas de ma porte.
Lorsque je me réveille, il y a le jardin,
un seul oiseau qui chante au milieu des fleurs
Je ne sais plus le jour, la saison, ni le temps.
Un loriot sans repos bavarde dans le vent.
Tant me touche son chant que je pousse un soupir.
Le vin est devant moi. Je m’en verse une coupe,
puis j’attends en chantant que la lune se lève,
et ma chanson finie je retourne à l’oubli.
***
Li Po (701-762) – Traduit du chinois par Claude Roy.
處世若大夢,
胡爲勞其生.
Ma vie, n’es-tu qu’un vaste songe ?
Alors, pas question qu’on se ronge.
所以終日醉,
頹然臥前楹.
Buvant du matin jusqu’au soir,
Je tombe endormi, comme un loir.
覺來盼庭前,
一鳥花間鳴.
借問此何時,
春風語流鶯.
Quand je m’éveille, un oiseau chante :
Printemps est la saison présente !
感之欲嘆息,
對酒還自傾.
Donc je me verse encore à boire ;
Et je descends tout, sans histoire.
浩歌待明月,
Je chante jusqu’à la nuit brune :
Et je vois se lever la lune.
曲盡已忘情.
J’ai trop chanté, je me rendors ;
Printemps ou pas, ce vin est fort.
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處世若大夢 !
Réjouissant !
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