Alda Merini – La simplicité (La semplicità)
La simplicité c’est se mettre à nu devant les autres
Et nous avons tant de difficulté à être vrais avec les autres.
Nous avons peur d’être mal compris, de paraître fragiles,
de nous retrouver à la merci de ce qui nous fait face.
Nous ne nous exposons jamais.
Parce qu’il nous manque la force d’être des hommes,
celle qui nous fait accepter nos limites,
celle qui nous les fait comprendre, en leur donnant du sens et en les transformant en énergie,
en force précisément.
J’aime la simplicité qui s’accompagne d’humilité.
J’aime les clochards.
J’aime les gens qui savent écouter le vent sur leur propre peau,
sentir l’odeur des choses,
en capturer l’âme.
Ceux dont la chair est en contact avec la chair du monde.
Parce que là est la vérité, là est la douceur, là est la sensibilité, là est encore l’amour.
*
La semplicità è mettersi nudi davanti agli altri.
E noi abbiamo tanta difficoltà ad essere veri con gli altri.
Abbiamo timore di essere fraintesi, di apparire fragili,
di finire alla mercè di chi ci sta di fronte.
Non ci esponiamo mai.
Perché ci manca la forza di essere uomini,
quella che ci fa accettare i nostri limiti,
che ce li fa comprendere, dandogli senso e trasformandoli in energia,
in forza appunto.
Io amo la semplicità che si accompagna con l’umiltà.
Mi piacciono i barboni.
Mi piace la gente che sa ascoltare il vento sulla propria pelle,
sentire gli odori delle cose,
catturarne l’anima.
Quelli che hanno la carne a contatto con la carne del mondo.
Perché lì c’è verità, lì c’è dolcezza, lì c’è sensibilità, lì c’è ancora amore.
***
Alda Merini (Milan, Italie, 1931-2009) – Traduit de l’italien par Stéphane Chabrières
Magnifique.
Merci pour la découverte de cette femme.
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Je ne connais pas le texte original et quand bien même le connaîtrais-je que je ne pourrais juger de la fidélité de sa traduction ne parlant pas italien mais je trouve que le texte tel qu’il est là, tourne très bien. Merci Stephane.
Encore une belle poésie de cette dame qui a su accepter ses limites. Elle sait de quoi elle parle quand elle parle de limites, elle qui a connu « l’enfer des sens ». Elle emploie cette expression dans son poème « psychiatrie ». On le trouve sur ce site. Je le recommande vivement. Certaines limites sont plus difficiles à assumer que d’autres, c’est le cas des limites liées à la maladie mentale. En l’assumant publiquement, en en parlant très justement et naturellement dans sa poésie, elle a participé et participe toujours à faire comprendre ce qu’endurent ces malades et ébranle un peu plus le tabou.
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Merci d’avoir apprécié ma traduction de ce poème. J’espère qu’elle est fidèle à l’original. Je viens de rajouter le texte italien pour pouvoir en juger.
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Je respire dans la pure beauté des mots de cette poétesse: intelligence subtile et sensibilité à fleur de peau. Magnifique!
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Merci de cette découverte. Ce serait bien d’avoir aussi le texte italien, peut-être…? Merci Stéphane.
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Voici le texte italien, chère Emmanuelle.
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Merci, c’est magnifique, et aussi votre traduction!
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…. Et quelle puissance dans la simplicité de ses mots …. J’en redemande !! Merci à vous pour ce cadeau, ce petit plus qui embellit une journée ….
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Merci à vous. C’est bien pour embellir la journée des lecteurs comme vous que je continue à publier des poèmes !
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« Dieu n’est pas la limite de l’homme, mais la limite de l’homme est divine. Autrement dit, l’homme est divin dans l’expérience de ses limites. »
Georges Bataille, Le coupable, 28 avril 1943.
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[…] https://schabrieres.wordpress.com/2014/07/23/alda-merini-la-simplicite-la-semplicita/ […]
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233. Le plus compliqué | Comme un cheveu said this on mai 19, 2015 à 5:22 |
Le plus compliqué, c’est d’être simple.
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