Antonia Pozzi – Enchantements (Incantesimi)
Écroulement au monde
de hauts bords glacés –
Sillage
lent et doux de la barque
dans des lacs dorés –
nous en allant ainsi
dans le soleil –
L’heure est sans issue
en des filets blonds et frêles –
Et naissent les frissons :
poussent
les voix tristes :
sur la berge siffle le roseau
déchiqueté –
De leur bois les bêtes précisément
fixent
longtemps
le couchant dans l’eau,
je m’en vais ainsi vers l’ombre
libre mais seule
à jamais.
*
Alti orli ghiacciati
si disfecero al mondo.
Solcava
lenta e lieve la barca
laghi d’oro,
andando così noi nel sole
abbracciati.
Gracili reti bionde
imprigionavano l’ora.
E nacquero brividi;
crebbero
voci tristi;
fischiò
a sponda il dilacerarsi delle canne.
Belve chiare
guardarono dal folto
a lungo
il tramonto nell’acqua,
andando così verso l’ombra
io libera
e sola per sempre.
***
Antonia Pozzi (Milano, Italie 1912–1938) – Mots (Parole, 1939) – 22 décembre 1935 – Traduit de l’italien par Ettore Labbate
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~ par schabrieres sur novembre 10, 2015.
Publié dans Antonia Pozzi
Étiquettes: Antonia Pozzi, écroulement, barque, bête, berge, blond, bois, bord, couchant, déchiqueté, doré, doux, eau, filet, frêle, frisson, glace, haut, heure, issue, lac, lent, libre, monde, ombre, roseau, seul, sillage, soleil, triste, voix
2 Réponses to “Antonia Pozzi – Enchantements (Incantesimi)”
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Ah, ce doit être encore plus beau prononcé dans la langue d’origine, que je ne parle ni ne comprends hélas.
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PEUR
Nue comme une brindille
dans la plaine nocturne
la folie dans les yeux tu creuses l’ombre
dénombrant les aguets.
Comme un colchique long
avec ta corolle violette de spectres
tu trembles
sous le poids noir des cieux.
(Milan, 19 octobre 1932)
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