Jean-Claude Pirotte – N’avoir aimé que pour écrire un poème…
n’avoir aimé que pour écrire un poème
peut-être est-ce là l’égoïsme
et le poème ne résiste pas davantage
à la durée que l’amour et l’amour
comme le poème est seulement imaginaire
tu n’auras rien écrit tu n’auras pas aimé
c’était l’automne et ce sera, c’est
aujourd’hui le printemps qui explore
le faubourg, le dessine d’un doigt
furtif et l’éclaire obliquement
d’un sourire où l’ironie laisse
place au doute à d’autres amours au prochain
poème qui sera vite écrit plus vite encore
oublié
***
Jean-Claude Pirotte (Namur, Belgique 1939-2014) – Faubourg (Le Temps qu’il fait, 1996)
Ecrire un poème, jouer avec les mots, jouir, aimer.
Un autre poème de Jean Claude Pirotte que l’on trouve ici, dans lequel il parle aussi de la poésie dans des termes que je trouve très justes.
travaille prends de la peine
fais des vers de mirliton
le travail amuse, le ton
donne du sel à la peine
tu dis qu’il neige écris-le
il neigera doublement
tu dis qu’il vente le vent
s’emparera de la ville
tu n’en as plus pour longtemps
mets de l’ordre dans le temps
c’est l’hiver – or le printemps
te refusera l’asile
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