Franz Kafka – Rêve et pleure (Träume und weine, 1916)
Rêve et pleure, pauvre race
Tu ne trouves pas le chemin, tu l’as perdu,
Hélas! est ton bonsoir,
Hélas! ton bonjour.
Je ne veux rien, rien que m’arracher
Aux mains qui se tendent
Pour emporter dans l’abîme
Mon corps évanoui.
Je tombe pesamment dans des mains bien préparées.
Résonnant dans l’espace lointain des montagnes,
L’écho de paroles lentes. Nous écoutions.
Le corps, hélas, ils le portaient, larves d’enfer,
Grimaces voilées, étroitement serré contre eux.
Un long cortège,
Long cortège porte l’être inachevé.
*
Träume und weine, armes Geschlecht,
findest den Weg nicht, hast ihn verloren.
Wehe! ist dein Gruß am Abend, Wehe! am Morgen.
Ich will nichts, nur mich entreißen
Händen der Tiefe, die sich strecken,
mich Ohnmächtigen hinabzunehmen.
Schwer fall’ ich in die bereiten Hände.
Tönend erklang in der Ferne der Berge
langsame Rede. Wir horchten.
Ach, sie trugen, Larven der Hölle,
verhüllte Grimassen, eng an sich gedrückt den Leib.
Langer Zug, langer Zug trägt den Unfertigen.
19 juillet 1916
***
Franz Kafka (1883-1924) – Journal – Traduit de l’allemand par Marthe Robert.
Étrange, cette traduction je trouve (on ne dirait plus du tout ‘race’ mais peut-être ‘humanité’), cependant faite par Marthe Robert qui étaient bluffante dans ses analyses littéraires et psychanalytiques de Kafka… (ça date des années 60 la traduction? elle est morte en 1996)
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