Martin Heidegger – Chemins (Wege)
Chemins,
chemins de la pensée ; ils vont d’eux-mêmes,
ils s’échappent. Quand donc amorcent-ils à nouveau le tournant,
dégageant la vue sur quoi ?
Chemins allant d’eux-mêmes,
jadis ouverts, soudain refermés,
plus tard. Montrant de l’antérieur,
jamais atteint, voué au non-dit –
relâchant les pas
à partir de l’accord d’un fiable destin.
Et à nouveau presse
une ombre incertaine
dans la lumière qui tarde.
*
Wege,
Wege des Denkens, gehende selber,
entrinnende. Wann wieder kehrend,
Ausblicke bringend worauf ?
Wege, gehende selber,
ehedem offene, jäh die verschlossenen,
später. Früheres zeigend,
nie Erlangtes, zum Verzicht Bestimmtes –
lockernd die Schritte
ans Anklang verlâsslichen Geschicks.
Und wieder die Not
zögernden Dunkels
im wartenden Licht.
***
Martin Heidegger (1889-1976) – Denkerfahrungen – Traduit par Jean Beaufret et François Fédier
L’aventure intérieure
À bien y réfléchir, j’écris depuis longtemps
J’étais déjà songeur, assis à la fenêtre
À regarder passer les voitures et les êtres.
Alors que je devais avoir près de sept ans.
Mon esprit s’égarait à l’extérieur du temps
Prenant une direction dont je n’étais pas maître
C’était aussi plaisant qu’une sortie champêtre
Quand poussent les bourgeons, au début du printemps.
Je vis la même chose en état d’écriture,
Sans plans préétablis, je pars à l’aventure.
Dès que l’une prend fin, j’attend celle d’après.
Peu m’importe où je vais pourvu que je voyage
À la découverte de nouveaux paysages
Dont chacun me délivre un sentiment de paix.
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Vincent said this on novembre 29, 2016 à 8:35 |