Claribel Alegría – Tu es mon autre moi
Tu es mon autre moi
mon moi vagabond
mon pont-miroir.
Invitant les silences
je commence à comprendre :
mon destin c’est toi
et je ne sais que faire
contre ta mort.
Jour et nuit
je te cherche
le temps qu’il me reste
je le distrais
par des questions
et des larmes
et de l’ennui.
Je te cherche dans les aurores
dans les ombres
dans les méandres de mon moi
dans la phosphorescence
des nuits blanches.
Je te cherche dans ma blessure
dans ma douleur
que je veux transpercer
dépasser
pour arriver jusqu’à toi.
*
Eres mi otro yo
Eres mi otro yo
mi vagabundo yo
mi espejo-puente.
Convocando silencios
empiezo a comprender:
mi destino eres tú
y no sé qué hacer
contra tu muerte.
Día y noche
te busco
el tiempo que me sobra
lo distraigo
con preguntas
y lágrimas
y hastío.
Te busco en las auroras
en las sombras
en los vericuetos de mi yo
en la fosforescencia
del desvelo.
En mi herida te busco
en mi dolor
queriendo atravesarlo
rebasarlo
hasta llegar a ti.
*
You Are My Other I
You are my other I
my vagabond I
my mirror-bridge.
Converting silences
I begin to understand:
you are my destiny
and I don’t know what to do
against your death.
Day and night
I search for you
I distract time
with questions
and tears
and boredom.
I search for you in my daybreaks
among the shadows
in the wilderness of my I
in the phosphorescence
of vigilance.
I search for you in my wound
in my sorrow
wishing to pierce it
to overflow it
until I reach you.
***
Claribel Alegría (1924-2018) – Saudade (L’atinoir, 2018) – Traduit de l’espagnol par Michelle Dospital – Sorrow : Poems
(Curbstone Press, 1999) – Translated by Carolyn Forché.
Je t’ai cherchée
Dans tous les regards,
Et dans l’absence des regards,
Dans toutes les robes, dans le vent,
Dans toutes les eaux qui se sont gardées,
Dans le frôlement des mains,
Dans les couleurs des couchants,
Dans les mêmes violettes,
Dans les ombres sous les hêtres,
Dans mes moments qui ne servaient à rien,
Dans le temps possédé,
Dans l’horreur d’être là,
Dans l’espoir toujours
Que rien n’est sans toi,
Dans la terre qui monte
Pour le baiser définitif,
Dans un tremblement
Où ce n’est pas vrai que tu n’y es pas.
Guillevic Eugène
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