Evguéni Baratynski – Ma voix est pauvre et mon talent modeste…
Ma voix est pauvre et mon talent modeste.
Je vis pourtant, et sur la terre ma
Vie sut trouver un être qui l’aima.
Mon descendant saura ce qu’il en reste
Dans mon poème. Alors – qui sait ? – nos coeurs
Trouveront-ils de quoi se correspondre,
Car j’ai trouvé l’amie pour me répondre,
Et l’avenir me garde mon lecteur.
*
Мой дар убог и голос мой не громок,
Но я живу, и на земли моё
Кому-нибудь любезно бытиё:
Его найдёт далёкий мой потомок
В моих стихах: как знать? душа моя
Окажется с душой его в сношеньи,
И как нашёл я друга в поколеньи,
Читателя найду в потомстве я.
*
My talent is pitiful, my voice not loud,
but I am living; somewhere in the world
someone looks kindly on my life; far off
a distant fellow-man will read my words
and find my being; and, who knows, my soul
will raise an echo in his soul, and I
who found a friend in my own time,
will find a reader in posterity.
1828
***
Evguéni Baratynski (1800–1844) – Le Soleil d’Alexandre : Le Cercle de Pouchkine 1802-1841 (Actes Sud, 2011) – Traduit du russe par André Markowicz – Yevgeny Baratynsky – Half-light & Other Poems (Arc Publications, 2015) – Translated by Peter France.
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~ par schabrieres sur novembre 20, 2018.
Publié dans André Markowicz, Evguéni Baratynski
Étiquettes: amie, avenir, être, coeur, descendant, lecteur, modeste, pauvre, peter france, poème, talent, terre, vie, voix
2 Réponses to “Evguéni Baratynski – Ma voix est pauvre et mon talent modeste…”
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Bonjour et, encore, merci ! Je trouve ceci sur Wikipédia ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Ievgueni_Baratynski ). Erreur ?
« Sourde est ma voix, et pauvres sont mes dons Mais vivant suis, et sur cette terre mon Être sera à quelqu’un agréable ; Or le trouvera ce lointain rejeton Dans mes vers. Qui sait, si cette âme mienne À son âme, ne tombera accordée ; Si l’ami en ce siècle ai trouvé, Un lecteur trouverai dans la postérité. »
— Ossip Mandelstam, De la poésie9.
9. – ↑ Ossip Mandelstam, De la poésie, traduit du russe par Mayelasveta, Gallimard, coll. « Arcades N°17 », Paris, 1990 (ISBN 2-07-071825-5), p. 58.
Bien à vous Bernard
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bernard bretonniere said this on novembre 20, 2018 à 2:15 |
Bonjour Bernard. Merci à vous. En effet, Mandelstam estimait être le destinataire de ce poème.
« Sa poésie toute empreinte d’une grande modestie, face au lecteur à venir, se révèle par la fluidité de ses vers, un art soigné du paysage lyrique, ainsi que par la richesse flamboyante de ses images et la vaste ampleur du style méditatif. Il a écrit ce poème, repris par Ossip Mandelstam dans son célèbre article : De l’interlocuteur, où Mandelstam avoue être « le destinataire secret » de ce poème, comme une bouteille cachetée qui renferme le nom et le récit d’une aventure humaine. Subtile interrogation reprise par Paul Celan qui voit la poésie comme un dialogue : « chemin d’une voix en route vers un Toi qui l’écoute ». C’est dire « l’inactualité » de Baratynski. » (extrait du Soleil d’Alexandre).
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schabrieres said this on novembre 20, 2018 à 3:14 |