Gérard de Nerval – Capharnaüm

Des corridors, — des corridors sans fin ! Des escaliers, — des escaliers où l’on monte, où l’on descend, où l’on remonte, et dont le bas trempe toujours dans une eau noire agitée par des roues, sous d’immenses arches de pont… à travers des charpentes inextricables ! Monter, descendre, ou parcourir les corridors, — et cela pendant plusieurs éternités… Serait-ce la peine à laquelle je serais condamné pour mes fautes ?
J’aimerais mieux vivre !!!
Au contraire, — voilà qu’on me brise la tête à grands coups de marteau : qu’est-ce que cela veut dire ?
« Je rêvais à des queues de billard… à des petits verres de verjus… »
« Monsieur et mame le maire est-il content ? »
Bon ! je confonds à présent Bilboquet avec Macaire. Mais ce n’est pas une raison pour qu’on me casse la tête avec des foulons.
« Brûler n’est pas répondre ! »
Serait-ce pour avoir embrassé la femme à cornes, — ou pour avoir promené mes doigts dans sa chevelure de mérinos ?
« Qu’est-ce que c’est donc que ce cynisme !» dirait Macaire.
Mais Desbarreaux le cartésien répondrait à la Providence : « Voilà bien du tapage pour…
bien peu de chose. »

*

Capharnaum

Corridors – corridors without end! Stairways – stairways one ascends and descends and then reascends, stairways whose lowest steps are lapped by the black waves churned up by the waterwheels beneath the immense arches of a bridge … amid a maze of scaffolding! To ascend, to descend, to wander through corridors – and all this for eternities on end… Is this then the punishment for all my sins?
O give me life instead!!!
But no – my head is being pounded by staggering hammer blows: what does this all mean?
‘I was dreaming of billiard cues … of glasses of verjuice …’
‘Are His and Her Honour the Mayor satisfied?’
Oh, here I go confusing Bilboquet with Macaire. But that still doesn’t justify pounding my head to smithereens with a millstone.
‘Burning is no answer!’
Is it because I kissed the woman with the horns – or because I ran my fingers through her merino hair?
‘How utterly cynical!’ as Macaire might say.
But Desbarreaux, being a dyed-in-the-wool Cartesian, would simply dismiss divine Providence as: ‘Much ado …’
‘About nothing.’

***

Gérard de Nerval (1808-1855)Nuits d’octobre (1852) – Selected Writings (Penguin, 1999) – Translated by Richard Sieburth.

~ par schabrieres sur mai 7, 2019.

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