Lucien Jacques – Credo
Je crois en l’homme, cette ordure,
je crois en l’homme, ce fumier,
ce sable mouvant, cette eau morte ;
je crois en l’homme, ce tordu,
cette vessie de vanité ;
je crois en l’homme, cette pommade,
ce grelot, cette plume au vent,
ce boutefeu, ce fouille-merde ;
je crois en l’homme, ce lèche-sang.
Malgré tout ce qu’il a pu faire
de mortel et d’irréparable,
je crois en lui,
pour la sûreté de sa main,
pour son goût de la liberté,
pour le jeu de sa fantaisie,
pour son vertige devant l’étoile,
je crois en lui
pour le sel de son amitié,
pour l’eau de ses yeux, pour son rire,
pour son élan et ses faiblesses.
Je crois à tout jamais en lui
pour une main qui s’est tendue.
Pour un regard qui s’est offert.
Et puis surtout et avant tout
pour le simple accueil d’un berger.
***
Lucien Jacques (1898-1961) – Tombeau d’un berger (L’artisan, 1953)
tant qu’il y a l’accueil… mais sinon ?
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« Mais, et c’est la grâce du poéme, de ce qu’il fait de nous, il y a le bonheur de partager les poèmes. C’est le partage de l’amitie, de ceux, dont je disais qu’on est du même côté du langage, qu’on en partage les enjeux. Ce bonheur transforme le sens du temps, le sens du lieu. Heureusement que dans la vie il y a les poèmes, et les amis. »
(Henri Meschonnic, Apprendre a ne plus savoir ce qu’on fait; dans : H. M., Le sacré, le divin, le religieux – suivi d’un entretien avec Anne Mounic; Éd. Arfuyen, 2008.) — merci pour tout et pour chaque poème !
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Merci Bernhard.
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