Ralph Waldo Emerson – Au revoir

Au revoir, monde fier ! je rentre à la maison :
Tu n’es pas mon ami, le tien je ne suis guère,
J’ai traversé longtemps les foules, les saisons ;
Sur la mer des larmes, frêle esquif de rivière,
Longtemps fus balloté comme l’écume amère ;
Maintenant, monde fier, je rentre à la maison.

Adieu, la Flatterie et sa face servile ;
Au revoir la Grandeur, les grimaces subtiles ;
L’arrogante Richesse à l’œil indifférent ;
Au Pouvoir complaisant, qu’il soit petit ou grand ;
Aux foules des palais, à la rue, à la cour ;
Aux cœurs toujours gelés, aux pieds pressés qui courent ;
Adieu pour ceux qui viennent, adieu pour ceux qui vont ;
Adieu, toi, monde fier ! je rentre à la maison.

Je m’en vais tout là-bas, vers ma propre chaumine,
Solitaire et cachée dans ces vertes collines,-
Un coin secret niché dans un doux paysage,
Dont les joyeuses fées ont prévu le bocage ;
Où les vertes ramures, tout au long des jours
Retentissent du chant des merles alentour,
Dont les gens du commun n’ont jamais vu les lieux,
Un endroit consacré pour l’esprit et pour Dieu.

Oh ! quand dans ma forêt je savoure mon home,
Je piétine l’orgueil de la Grèce et de Rome ;
Quand je suis sous les pins couché nonchalamment,
Que l’étoile du soir brille si saintement,
Je moque le savoir et la gloire de l’homme,
Les écoles sophistes, les clans, les diplômes ;
Tous dans leur vanité, que feraient-ils donc mieux
Quand l’homme dans les bois peut rencontrer son Dieu ?

*

Good-Bye

Good-bye, proud world! I’m going home:
Thou art not my friend, and I’m not thine.
Long through thy weary crowds I roam;
A river-ark on the ocean brine,
Long I’ve been tossed like the driven foam;
But now, proud world! I’m going home.

Good-bye to Flattery’s fawning face;
To Grandeur with his wise grimace;
To upstart Wealth’s averted eye;
To supple Office, low and high;
To crowded halls, to court and street;
To frozen hearts and hasting feet;
To those who go, and those who come;
Good-bye, proud world! I’m going home.

I am going to my own hearth-stone,
Bosomed in yon green hills alone, —
A secret nook in a pleasant land,
Whose groves the frolic fairies planned;
Where arches green, the livelong day,
Echo the blackbird’s roundelay,
And vulgar feet have never trod
A spot that is sacred to thought and God.

O, when I am safe in my sylvan home,
I tread on the pride of Greece and Rome;
And when I am stretched beneath the pines,
Where the evening star so holy shines,
I laugh at the lore and the pride of man,
At the sophist schools, and the learned clan;
For what are they all, in their high conceit,
When man in the bush with God may meet?

***

Ralph Waldo Emerson (1803-1882)Poésies anglaises et américaines du XVIe au XXe siècle (Publibook, 2009) – Traduit de l’américain par Jean-Pierre Lefeuvre.

~ par schabrieres sur juin 24, 2019.

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