Jean Follain – Seul homme
Une mouche lisse ses ailes
un pot est plein
d’allumettes éteintes
les courbes d’un verre reflètent des visages
qui couverts de cicatrices
se regardent sans s’aimer.
Sur la grande étendue
d’une campagne grise
un homme marche
comme pour représenter à lui seul
sans vouloir la trahir
toute l’humanité.
*
A fly is smoothing its wings
a bowl is full
of burnt out matches
the curve of a glass reflects faces
covered with scars
that look at each other without love.
In the vast expanse
of a grey landscape
one man walks
not rejecting other men
yet as if it were he alone
that stood for the whole of mankind
***
Jean Follain (1903-1971) – D’après tout (Gallimard, 1967) – Poems (Charles Boase, 1979) – Translated by Clare Sheppard.
Merci, Stéphane !
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Fabrice Farre said this on Mai 27, 2020 à 6:08 |
Jean Follain me plaît bien.
« Décrits, saisis dans ses poèmes, une scène, un événement du présent sont comme s’ils nous avaient déjà échappé; le temps les déborde de toutes parts ; leur rayonnement discret, mais unique, nous parvient à travers une glace infranchissable, et nous les voyons avec les yeux de ceux qui viendront après nous ; ce sont des pans demeurés debout d’une réalité déjà détruite. Pour Jean Follain, tout événement, toute vision appartient à un passé virtuel, comme s’il ne pouvait vivre et voir qu’à reculons. » Luc Decaunes
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jamadrou said this on Mai 27, 2020 à 6:39 |