Óscar Hahn – La mort est assise au pied de mon lit
Mon lit est défait : draps sur le sol
et couvertures sur le point de s’envoler.
La mort dit maintenant qu’elle va faire mon lit.
Je la supplie que non, qu’elle le laisse défait.
Elle insiste et réplique que cette nuit c’est la date.
Elle s’apprête et ajoute que cette nuit c’est sûr elle m’aime.
Je lui réponds : comment vais-je mettre des cornes
à la vie ? Elle me dit d’aller au diable.
La mort est assise au pied de mon lit.
Cette mort obstinée s’est échauffée à mon contact
et voudrait me laisser sans suc comme une figue sèche.
J’essaie de la chasser avec une énorme branche.
À présent elle dit qu’elle veut se coucher près de moi
juste pour dormir, que je ne m’inquiète pas.
Par égard je me tais car je connais sa mauvaise réputation.
La mort est assise au pied de mon lit.
*
La muerte está sentada a los pies de mi cama
Mi cama está deshecha: sábanas en el suelo
y frazadas dispuestas a levantar el vuelo.
La muerte dice ahora que me va a hacer la cama.
Le suplico que no, que la deje deshecha.
Ella insiste y replica que esta noche es la fecha.
Se acomoda y agrega que esta noche me ama.
Le contesto que cómo voy a ponerle cuernos
a la vida. Contesta que me vaya al infierno.
La muerte está sentada a los pies de mi cama.
Esta muerte empeñosa se calentó conmigo
y quisiera dejarme más chupado que un higo.
Yo trato de espantarla con una enorme rama.
Ahora dice que quiere acostarse a mi lado
sólo para dormir, que no tenga cuidado.
Por respeto me callo que sé su mala fama.
La muerte está sentada a los pies de mi cama.
***
Óscar Hahn (né à Iquique, Chili en 1938) – Pena de vida (2008) – Peine de vie et autres poèmes (Cheyne éditeur, 2016) – Traduit de l’espagnol (Chili) par Josiane Gourinchas.