Néstor Ponce – Carnaval
j’ai mal aux masques du silence
sous ta cagoule voisin
palpitent tes yeux leur couleur ?
tous portent des masques
c’est un théâtre grec ambulant
dans les rues de la ville
ce ne sont que troupes tambour tambour battant
étincelle perdue dans un transfert
de si grands enfants madame
et ils s’entêtent avec leurs pétitions ?
avec du savon ou de la soude caustique
efface-t-on l’oubli ?
et la honte ?
(…)
Centre de détention clandestin
Puente Doce, mars 1978
*
Carnaval
me duelen las máscaras del silencio
¿tras su capucha vecino
laten sus ojos su color ?
todos llevan máscaras
es un teatro griego ambulante
por las calles de la ciudad
todos son murga tambor y redoble
un chispazo que se quedó en un traslado
¿tan grandes sus hijos señora
y siguen armando memoriales ?
¿con jabón o con soda cáustica
se borra el olvido ?
¿y la vergüenza ?
y yo / que sin saber por qué
siempre amé las máscaras.
Campo de concentración
Puente doce, 1978, marzo
***
Néstor Ponce (né en 1955 à La Plata) – Désapparences (Les Hauts-Fonds, 2013) – Traduit de l’espagnol (Argentine) par Monique Roumette.
J’ai mal à mon humanité
nos masques de faire semblant d’être
ne nous suffisent plus
nous en avons fabriqué en tissu et en papier
pour nous protéger de l’ignoble invisible
et ne plus reconnaître personne.
jamadrou « Camp de confinement, concentration d’inhumanité » année 2020, janvier 2021 etc.
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