André de Richaud – Testament
Autrefois j’aurais voulu être le dernier oiseau du dernier platane
La première lueur du matin sur l’aile d’un olivier
L’orange de midi, bien pendue sur ses feuillages de parfum
Et ce nuage qui joue autour du phare
J’aurais voulu être une phrase coupée au raz d’un poème
Découvert par une jeune fille aux cils de pavot
Au bord d’un grenier de Provence
Mais maintenant
Mon dernier désir est que mon souvenir brûle
Les pierres où il est gravé
Ici et là au petit vol de mes voyages
Les sables de la mer n’ont pas besoin de dictionnaire
Toutes les feuilles meurent en automne
Rien n’est qu’un feu mort au fond d’un ruisseau sec
Que mon visage s’écrase en vous
Ombre de ma jeunesse
Et qu’il ne reste rien de ce fer rouge
***
André de Richaud (1907-1968) – Marc Alyn, André de Richaud (Seghers/Poètes d’aujourd’hui,1966)
Deux vers d’André de Richaud qui valent bien des oeuvres de fausses gloires du « milieu ».
« J’aurais voulu être une phrase coupée au raz d’un poème
Découvert par une jeune fille aux cils de pavot »
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