Edgar Bayley – Cette richesse abandonnée
Cette main n’est ni la main ni la peau de ta joie
au fond des rues tu trouves toujours un autre ciel
derrière le ciel il y a toujours une autre herbe des plages différentes
elle est sans fin cette infinie richesse abandonnée
jamais tu n’imagines que l’écume de l’aube s’est éteinte
derrière le visage il y a un autre visage
après le départ de l’être aimé il y a un autre départ
derrière le chant un nouveau frôlement se poursuit
et les matins cachent des abécédaires inouïs des îles lointaines
il en sera toujours ainsi
parfois ton rêve croit avoir tout dit
mais un autre rêve se lève et ce n’est pas le même
alors tu reviens aux mains au cœur de tous de n’importe qui
tu n’es pas le même ils ne sont pas les mêmes
d’autres savent le mot toi tu l’ignores
d’autres savent oublier les faits inutiles
ils lèvent le pouce et ils ont oublié
tu dois revenir qu’importe ton échec
elle est sans fin cette infinie richesse abandonnée
et chaque geste chaque forme d’amour ou de reproche
parmi les derniers rires la douleur et les débuts
trouvera le vent âpre et les étoiles vaincues
un masque de bouleau présage la vision
tu as voulu voir
au fond du jour tu y es parfois parvenu
le fleuve arrive jusqu’aux dieux
des murmures lointains montent à la clarté du soleil
des menaces
une splendeur à froid
n’attends rien
sinon la route du soleil et de la peine
elle est sans fin cette infinie richesse abandonnée.
*
Esta riqueza abandonada
Esta mano no es la mano ni la piel de tu alegría
al fondo de las calles encuentras siempre otro cielo
tras el cielo hay siempre otra hierba playas distintas
nunca terminará es infinita esta riqueza abandonada
nunca supongas que la espuma del alba se ha extinguido
después del rostro hay otro rostro
tras la marcha de tu amante hay otra marcha
tras el canto un nuevo roce se prolonga
y las madrugadas esconden abecedarios inauditos islas remotas
siempre será así
algunas veces tu sueño cree haberlo dicho todo
pero otro sueño se levanta y no es el mismo
entonces tú vuelves a las manos al corazón de todos de cualquiera
no eres el mismo no son los mismos
otros saben la palabra tú la ignoras
otros saben olvidar los hechos innecesarios
y levantan su pulgar han olvidado
tú has de volver no importa tu fracaso
nunca terminará es infinita esta riqueza abandonada
y cada gesto cada forma de amor o de reproche
entre las últimas risas el dolor y los comienzos
encontrará el agrio viento y las estrellas vencidas
una máscara de abedul presagia la visión
has querido ver
en el fondo del día lo has conseguido algunas veces
el río llega a los dioses
sube murmullos lejanos a la claridad del sol
amenazas
resplandor en frío
no esperas nada
sino la ruta del sol y de la pena
nunca terminará es infinita esta riqueza abandonada.
***
Edgar Bayley (1919-1990) – Traduit de l’espagnol (Argentine) par Stéphane Chaumet.
[…] J'aime bien ce texte de Edgar Bayley lu ici clic! Cette main n’est ni la main ni la peau de ta joie au fond des rues tu trouves toujours un autre ciel derrière le ciel il y a toujours une autre herbe des plages différentes elle est sans fin cette infinie richesse abandonnée jamais tu n’imagines que l’écume de l’aube s’est éteinte derrière le visage il y a un autre visage après le départ de l’être aimé il y a un autre départ derrière le chant un nouveau frôlement se poursuit et les matins cachent des abécédaires inouïs des îles lointaines il en sera toujours ainsi parfois ton rêve croit avoir tout dit mais un autre rêve se lève et ce n’est pas le même alors tu reviens aux mains au cœur de tous de n’importe qui tu n’es pas le même ils ne sont pas les mêmes d’autres savent le mot toi tu l’ignores d’autres savent oublier les faits inutiles ils lèvent le pouce et ils ont oublié tu dois revenir qu’importe ton échec elle est sans fin cette infinie richesse abandonnée et chaque geste chaque forme d’amour ou de reproche parmi les derniers rires la douleur et les débuts trouvera le vent âpre et les étoiles vaincues un masque de bouleau présage la vision tu as voulu voir au fond du jour tu y es parfois parvenu le fleuve arrive jusqu’aux dieux des murmures lointains montent à la clarté du soleil des menaces une splendeur à froid n’attends rien sinon la route du soleil et de la peine elle est sans fin cette infinie richesse abandonnée. […]
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Simple pagination – En équilibre sur un fil à la lisière du rêve et de la réalité, said this on mai 16, 2022 à 7:15 |