Julio Cortázar – L’interrogateur (El interrogador, 1984)
Je ne questionne pas sur les gloires ni les neiges,
je veux savoir où se retrouvent les hirondelles mortes,
où vont les boîtes d’allumettes usées.
Aussi grand que soit le monde
il y a les ongles à couper, les effiloches,
les enveloppes fatiguées, les cils qui tombent.
Où vont les brumes, le dépôt du café,
les almanachs d’un autre temps ?
Je questionne sur le vide qui nous anime ;
je présume que dans ces cimetières
la peur pousse peu à peu
et que c’est là où couve le Rokh.
*
No pregunto por las glorias ni las nieves,
quiero saber dónde se van juntando
las golondrinas muertas,
adónde van las cajas de fósforos usadas.
Por grande que sea el mundo
hay los recortes de uñas, las pelusas,
los sobres fatigados, las pestañas que caen.
¿Adonde van las nieblas, la borra del café,
los almanaques de otro tiempo?
Pregunto por la nada que nos mueve;
en esos cementerios conjeturo que crece
poco a poco el miedo,
y que allí empolla el Roc.
***
Julio Cortázar (1914-1984) – Salvo el crepúsculo (1984) – Crépuscule d’automne (Corti, 2010) – Traduit de l’espagnol par Silvia Baron Supervielle.
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~ par schabrieres sur octobre 3, 2010.
Publié dans Julio Cortázar, Silvia Baron Supervielle
Étiquettes: cimetière, gloire, hirondelle, interrogateur, Julio Cortázar, monde, neige, peur, Silvia Baron Supervielle, vide
Une Réponse to “Julio Cortázar – L’interrogateur (El interrogador, 1984)”
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Rien ne peut empêcher une allumette brûlée d’avoir eu son instant de flamme… Seul le passé est.
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Luestan Theel said this on octobre 16, 2010 à 9:31 |