Beauty will save the world

•novembre 24, 2023 • 38 commentaires

À mes fidèles abonnés qui s’interrogent, se demandant pourquoi les activités sur le site ont été interrompues depuis juin 2023, sachez que je pense à vous. Je vous remercie pour votre fidélité.

Des raisons de santé m’empêchent pour l’instant de m’occuper du site Beauty will save the world.

J’espère vous retrouver bientôt,

Stéphane Chabrières

Paul Vallée – La carte de l’enfance

•juin 14, 2023 • Un commentaire

Si tu devais établir une carte précise de l’Enfance
Qu’indiquerais-tu sur cette carte du temps
Où se sont un jour inscrits
Ton emploi du temps différé ta pratique de l’éternité
De sa lenteur ?

Ce temps était celui où les heures creuses se donnaient
Rendez-vous à midi
Où étales les eaux étendaient
Leur mémoire fidèle
Sur un temps béni

Ce temps était en vérité celui du Temps accompli

Prévoirais-tu des étapes
Et des stations en nombre limité
Pour que la Douleur puisse enfin souffler
Cesser son inutile course ?
Prévoirais-tu aussi des points de ravitaillement
Où l’âme pourrait enfin réclamer
Le verre d’eau fraîche
Que la Vie lui a toujours refusé ?

Le cadran des heures serait-il rendu
À cette seconde immémoriale ?
Et le cadran des eaux à cette soif qui te poursuit encore ?

Et qu’y inscrirais-tu pour que l’enfance soit à jamais
Pour que l’enfance soit ?

Tu n’es qu’un apprenti-cartographe
Et ton champ est limité
Mais le temps devrait t’aider
À mener à bien ta tâche

Mais il se peut aussi que ce projet n’aboutisse jamais
Et que tu déchires cette carte encore vierge
Et répandes ses morceaux
Dans les eaux de ton improbable naissance
Par impuissance à concevoir l’inconcevable
Et que ces fragments constituent alors
Ta mémoire d’homme fait
La mémoire vivante d’une inguérissable blessure
Et que tu n’en reviennes jamais

***

Paul Vallée (Ayer’s Cliff 1970-2002) – Poème inédit

Alejandra Pizarnik – Cendres

•juin 13, 2023 • Laissez un commentaire

Nous avons dit des paroles,
des paroles pour réveiller les morts,
des paroles pour faire un feu,
des paroles pour pouvoir nous asseoir
et sourire.

Nous avons créé le sermon
de l’oiseau et de la mer,
le sermon de l’eau,
le sermon de l’amour.

Nous nous sommes agenouillés
et avons adoré de longues phrases
comme le soupir de l’étoile,
des phrases comme des vagues
des phrases comme des ailes.

Nous avons inventé de nouveaux noms
pour le vin et pour le rire,
pour les regards et leurs terribles
chemins.

Moi à présent je suis seule
– comme l’avare délirante
sur sa montagne d’or –
et je lance des paroles vers le ciel
mais je suis seule
et je ne peux dire à mon aimé
ces paroles qui me font vivre.

*

Cenizas

Hemos dicho palabras,
palabras para despertar muertos,
palabras para hacer un fuego,
palabras donde poder sentarnos
y sonreír.

Hemos creado el sermón
del pájaro y del mar,
el sermón del agua,
el sermón del amor.

Nos hemos arrodillado
y adorado frases extensas
como el suspiro de la estrella,
frases como olas,
frases con alas.

Hemos inventado nuevos nombres
para el vino y para la risa,
para las miradas y sus terribles
caminos.

Yo ahora estoy sola
—como la avara delirante
sobre su montaña de oro—
arrojando palabras hacia el cielo,
pero yo estoy sola
y no puedo decirle a mi amado
aquellas palabras por las que vivo.

***

Alejandra Pizarnik (1936-1972)Las aventuras perdidas (1958) – Œuvres (Ypsilon, 2022) – Traduit de l’espagnol (Argentine) par Jacques Ancet.

Yòrgos Vèis – Souvenir

•juin 12, 2023 • Laissez un commentaire

«Le poème, mon vieux, doit raconter une histoire,
avoir un début, un milieu, un finale,
ne serait-ce qu’une ébauche de mythe,
quelque chose enfin
qui ait la saveur d’un récit»,
me disait souvent Yànnis Varvèris dans ses derniers temps.
Et il avait raison, comme toujours d’ailleurs.
Un poème qui se respecte n’est-il pas
une aventure infinie ?
Un combat contre les ombres avec l’indicible,
une barricade contre la misère ?

***

Yòrgos Vèis (né en 1955) – Traduit du grec par Michel Volkovitch.

Radu Bata – Les absences qui ont raison

•juin 11, 2023 • Laissez un commentaire

(de nous)
—————
toutes ces absences
qui sont là
devant nos yeux
tellement vives
malgré leur transparence
tellement vraies
incontournables

toutes ces absences
qui sont là
à nous défier
à nous faire ressusciter
lumières et vertiges
à nous tisser dans le tapis
des souvenirs

toutes ces absences
qui ne veulent
pour rien au monde
nous abandonner
comme des couteaux
amoureux
de la plaie

nous portons leur cachet
et nous vieillissons plus vite
qu’elles
mais au moins
au final
nous n’allons pas partir
tout seuls

***

Radu Bata

Sophia de Mello Breyner Andresen – En dépit des ruines

•juin 10, 2023 • 2 commentaires

En dépit des ruines et de la mort,
Où s’achèvera toujours chaque illusion,
La puissance de mes rêves est si forte,
Que de tout renaît l’exaltation
Et mes mains jamais ne restent vides.

*

Apesar das ruínas e da morte,
Onde sempre acabou cada ilusão,
A força dos meus sonhos é tão forte,
Que de tudo renasce a exaltação
E nunca as minhas mãos ficam vazias.

***

Sophia de Mello Breyner Andresen (1919-2004) – La nudité de la vie (L’Escampette, 2000) – Traduit du portugais par Michel Chandeigne.

Grégory Rateau – J’ai appris…

•juin 9, 2023 • Laissez un commentaire

J’ai appris
De vos préaux
De la peinture écaillée
Des fonds de couloir
Des jupes trop longues
J’ai appris
À faire mentir la nuque
Les rires parfois
Faisaient le détour
Toutes ces individualités
En pantomimes
J’ai appris
À prendre l’horizon pour cible
Je comptais à rebours :
10, 9, 8, 7, 6…
Rivé aux sonneries du départ
Les adultes n’y comprenaient goutte
Notant nos feuillets
Sans trop rien déchiffrer
J’ai appris
Le sacrifice des heures
Où le soleil lui
poursuivait pénard
Loin de vos encres sanctifiées
Assis là
En position d’attaque
J’apprends toujours

***

Grégory Rateau (né en 1984 à Drancy)

 

Christian Bachelin – Je n’ai plus rien à perdre…

•juin 8, 2023 • 5 commentaires

Je n’ai plus rien à perdre
Que les mots de ce poème
Ce testament à bout de souffle
Sur la dernière page d’un cahier d’écolier

Je n’ai plus rien à perdre que ce poème fou
Planté comme un couteau dans le dos des passants
Ce langage de sourd
Incrusté dans la pierre aveugle du silence

Je te montre le ciel
Tu ne vois que la brume
Je te montre l’amour tu ne vois que la mort
Je te montre la mer
Tu ne vois que l’épave échouée sur le rivage

Mauvaise éducation des poètes maudits
La Poésie m’empêche de voir le soleil.

***

Christian Bachelin (1933-2014)Neige exterminatrice – Poèmes 1967-2003 (Le Temps qu’il fait, 2004)

 

Paul Vallée – Le Feu

•juin 7, 2023 • 5 commentaires

Si vous ne pouvez enflammer
Le coeur d’une femme
Votre feu est inutile

Achetez-vous un chien
Et hurlez à la lune
Hurlez à la mort
Mais n’écrivez pas de poésie
Hurlez mais n’écrivez pas

Trouvez un endroit où brûler en Enfer
Car l’Enfer de l’Amour
N’est clairement pas fait pour vous

***

Paul Vallée (Ayer’s Cliff 1970-2002) – Poème inédit

Roger-Arnould Rivière – Je te reconnaîtrai douleur…

•avril 20, 2023 • 8 commentaires

Je te reconnaîtrai douleur à cette tache vive
tournesol du dépit fleur de vase et de feu
roue sans moyeu du même visage pressenti
et retenu longtemps à l’anneau du soleil
je cernerai ce tourbillon de vide rose et cru
porcelaine lacérée de cris et de lames
j’y tonnerai le vacarme d’un nom
à résonance de chair et d’âme
et dans le cercle trahi par le miel de ma voix
sur un espace de corolle et d’yeux
je contraindrai la présence inquiète de l’éloignée
pour qu’elle ait désormais demeure calme
sur l’arête multiple des vents
et paix parmi le sang différé de la glaise.

***

Roger-Arnould Rivière (1930–1959)

 
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