Sylvia Plath – Le bord (Edge, 1963)
La femme s’est accomplie
son corps mort
porte le sourire de l’accomplissement
l’illusion d’une obligation grecque
coule dans les rouleaux de sa toge
Ses nus
pieds semblent vouloir dire:
Nous sommes arrivés si loin, tout est fini.
Chaque enfant mort est enroulé, un serpent blanc,
Près de chacun une cruche de lait
maintenant vide.
Elle les a replié contre son corps
comme des pétales
d’une rose refermée quand le jardin
se fige et que les parfums saignent
des douces, profondes, gorges de la fleur de la nuit.
La lune n’a pas a s’en désoler,
fixant le tout de sa cagoule d’os.
Elle a tant l’habitude de cela.
Sa noirceur crépite et se traîne.
*
Edge
5 February 1963 (Last poem)
***
Sylvia Plath (1932-1963) – Collected Poems (Faber & Faber, 1981) – Edited by Ted Hughes – Œuvres (Quarto Gallimard, 2011) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Valérie Rouzeau.