André Dhôtel – Rêves minimes
Faites confiance aux myosotis,
à la guêpe d’or, aux brouillards
inondant la vallée
d’une clarté immobile.
Faites confiance aux pucerons
bientôt montés au faîte
de la cérulée bleue
enfin au bourdon sagace
qui fit un détour magique
vers l’espace des aigles.
Par ailleurs l’alliance patiente
des fourmis nous aura tracé
l’interminable chemin
vers une maison fortunée.
C’est ainsi que nos mots dérisoires
nouant leurs anneaux pourraient bien
nous relier au royaume
des célestes certitudes.
***
André Dhôtel (1900-1991) – Poèmes comme ça (Le Temps qu’il fait, 2000) – Préface de Jean-Claude Pirotte.
Thomas Vinau ne jure presque par lui, je comprends pourquoi…
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Vincent said this on décembre 19, 2021 à 6:42 |
https://etc-iste.blogspot.com/2020/05/eblouit-par-les-canards-sauvages-andre.html?m=1
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Vincent said this on décembre 19, 2021 à 6:44 |
Dhôtel écrit comme il marche, à l’économie, mais prodigieusement attentif aux lueurs fugitives, aux sautes de vent, à la merveille fragile d’une fleur ou d’un champignon, à la forme imagée d’un nuage, aux signaux du hasard. C’est pourquoi tous ses livres invitent à la promenade, et tous ses personnages déambulent sous l’empire d’une active paresse, et d’une dévotion éblouie à la fable du monde […] Tous les héros dhôteliens – on ne peut guère en parler comme de héros de romans, mais les qualifier d’anti-héros ne serait pas plus exact – tous ces personnages semblent voués à une sorte d’optimisme animal, qu’ils puisent au fond des âges à l’instar des fourmis, des abeilles et des moineaux. Dans un état d’inextricable abandon, ils s’extasient encore de pouvoir mesurer combien le monde, en les écrasant sous le poids de son incompréhensible beauté, leur réserve de surprises et de bonheurs infiniment variés et pour tout dire immérités. Les pires aléas de l’existence ne leur inspirent qu’une sensation d’indifférence éblouie qui n’entame en rien leur indécrottable foi dans le salut malgré tout. Quel salut ? Voilà bien le mystère. Le sentiment religieux, la morale, le respect des conventions, cela ne les étouffe pas. Mais il y a, encore et toujours, la lumière. Le miracle permanent d’une vie impossible, et pourtant réelle.
Jean-Claude Pirotte, « Magazine littéraire », n° 198, sept. 1983.
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schabrieres said this on décembre 19, 2021 à 7:55 |