Jean Mambrino – Orphée innombrable (1986)
Parle. Ouvre cet espace sans violence. Élargis
le cercle, la mouvance qui t’entoure de floraisons.
Établis la distance entre les visages, fais danser
les distances du monde, entre les maisons,
les regards, les étoiles. Propage l’harmonie,
arrange les rapports, distribue le silence
qui proportionne la pensée au désir, le rêve
à la vision. Parle au-dedans vers le dehors,
au-dehors, vers l’intime. Possède l’immensité
du royaume que tu te donnes. Habite l’invisible
où tu circules à l’aise. Où tous enfin te voient.
Dilate les limites de l’instant, la tessiture
de la voix qui monte et descend l’échelle
du sens, puisant son souffle aux bords de l’inouï.
Lance, efface, emporte, allège, assure, adore. Vis.
***
Jean Mambrino (1923-2012) – La saison du monde (1986)
C’est un poème à couper le souffle, un poème qui laisse sans voix. Il est cinq heures du matin, une heure parfaite pour lire ce genre de poème si ce n’est que dans 2 heures le réveil sonnera. « … puisant son souffle au bord de l’inouï. » Incroyable…
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Vincent said this on juin 10, 2014 à 3:40 |
« La Lune était sereine et jouait sur les flots… »** » : Les Orientales » les sacs pesants… y Federico García Lorca – « Romance de la luna » Vis !
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Quent1 said this on juin 10, 2014 à 6:39 |