W.B. Yeats – La Seconde venue (The Second Coming, 1919)
Tournant, tournant dans la gyre toujours plus large,
Le faucon ne peut plus entendre le fauconnier.
Tout se disloque. Le centre ne peut tenir.
L’anarchie se déchaîne sur le monde
Comme une mer noircie de sang : partout
On noie les saints élans de l’innocence.
Les meilleurs ne croient plus à rien, les pires
Se gonflent de l’ardeur des passions mauvaises.
Sûrement que quelque révélation, c’est pour bientôt.
Sûrement que la Seconde Venue, c’est pour bientôt.
La Seconde Venue ! A peine dits ces mots,
Une image, immense, du Spiritus Mundi
Trouble ma vue : quelque part dans les sables du désert,
Une forme avec corps de lion et tête d’homme
Et l’oeil nul et impitoyable comme un soleil
Se meut, à cuisses lentes, tandis qu’autour
Tournoient les ombres d’une colère d’oiseaux…
La ténèbre, à nouveau ; mais je sais, maintenant,
Que vingt siècles d’un sommeil de pierre, exaspérés
Par un bruit de berceau, tournent au cauchemar,
– Et quelle bête brute, revenue l’heure,
Traîne la patte vers Bethléem, pour naître enfin ?
*
The Second Coming
Turning and turning in the widening gyre
The falcon cannot hear the falconer;
Things fall apart; the centre cannot hold;
Mere anarchy is loosed upon the world,
The blood-dimmed tide is loosed, and everywhere
The ceremony of innocence is drowned;
The best lack all conviction, while the worst
Are full of passionate intensity.
Surely some revelation is at hand;
Surely the Second Coming is at hand.
The Second Coming! Hardly are those words out
When a vast image out of Spiritus Mundi
Troubles my sight: somewhere in sands of the desert
A shape with lion body and the head of a man,
A gaze blank and pitiless as the sun,
Is moving its slow thighs, while all about it
Reel shadows of the indignant desert birds.
The darkness drops again; but now I know
That twenty centuries of stony sleep
Were vexed to nightmare by a rocking cradle,
And what rough beast, its hour come round at last,
Slouches towards Bethlehem to be born?
Je suis très sceptique par rapport aux traductions de Bonnefoy qui, à mon humble avis, réécrit Yeats, mais ne le traduit pas. Je lui préfère de loin Jean-Yves Masson.
Pour le reste, par rapport à cette histoire de poème et de guerre en Irak, j’avais déjà eu l’occasion de lire l’article en question et il m’avait laissée… très perplexe. Je regrette un peu cette tendance actuelle qui est de faire des parallèles avec tout et surtout n’importe quoi, notamment quand c’est complètement anachronique. Avis personnel qui n’engage que moi mais bon…
J’aimeAimé par 2 personnes
Bonnefoy a certes bien du talent, mais ayant découvert les traductions de Masson avant celles de Bonnefoy, le choc fut tel que je ne pourrais jamais modifier en mon for intérieur l’indubitable hiérarchie qui doit s’établir entre la qualité de leurs travaux distincts, Lire La tour ou 1919 traduit par Mr Masson est une expérience qui marque et interroge, il a un talent immense et c’est de plus quelqu’un de fort sympathique, répondant aux lettres qu’on lui envoie.
J’aimeAimé par 1 personne
[…] prêts à tout risquer, investis dans une lutte au point de s’autodétruire. Le poème intitulé La Seconde Venue, du poète irlandais William Butler Yeats, semble illustrer parfaitement notre problème actuel : […]
J’aimeJ’aime
ExtremeCentre.org » Slavoj Zizek : pourquoi les islamistes se sentent-ils menacés par les non-croyants ?: Blog Politique Francophone pour les Libertés Fondamentales et Contre Tous les Totalitarismes, qu'ils soient de Droite ou de Gauche said this on janvier 29, 2015 à 10:54 |
[…] prêts à tout risquer, investis dans une lutte au point de s’autodétruire. Le poème intitulé La Seconde Venue, du poète irlandais William Butler Yeats, semble illustrer parfaitement notre problème actuel : […]
J’aimeJ’aime
Pourquoi les islamistes se sentent-ils menacés par les non-croyants ? | Squiggle said this on janvier 30, 2015 à 8:41 |
[…] candidat républicain est un amateur (dans pas mal de sens du terme). Ces temps-ci, estimer que «le centre ne peut plus tenir» a tout de l’euphémisme. Que se passe-t-il? Pour d’aucuns, les turbulences politiques […]
J’aimeJ’aime
Laleph : Actualite alternative said this on août 12, 2016 à 12:49 |
La traduction de Bonnefoy présente quelques choix qui laissent perplexe. Ainsi ce : « Sûrement que quelque révélation, c’est pour bientôt. » par exemple…
J’aimeJ’aime
[…] William B. Yeats, « La Seconde Venue » (1919), traduit par Yves […]
J’aimeJ’aime
Web-revue des industries culturelles et numériques said this on janvier 1, 2019 à 12:12 |
Nice . Irish.
J’aimeAimé par 1 personne