Ana Blandiana – Fatiguée

Je suis fatiguée de naître d’une idée,
je suis fatiguée de ne pas mourir.
J’ai choisi une feuille,
voici, c’est d’elle que je vais naître
à son image et à sa ressemblance.
Sa sève fraîche va m’envahir doucement
et ses nervures seront mes tendres reliques.
Elle m’apprendra à trembler, à grandir,
à briller dans la peine ;
puis à me détacher de la branche
comme un mot quitte les lèvres.
De cette façon simple
enfantine
dont on meurt
chez les feuilles.

***

Ana Blandiana (née en 1942 à Timișoara, Roumanie)Le blues roumain (Unicité, 2020) – Traduit du roumain par Radu Bata.

~ par schabrieres sur janvier 16, 2021.

11 Réponses to “Ana Blandiana – Fatiguée”

  1. Bon jour,
    Ce texte me fait miroir …
    Max-Louis

    Aimé par 1 personne

  2. puis à me détacher de la branche
    comme un mot quitte les lèvres.

    L’envolée

    Aimé par 3 personnes

  3. S’envoler
    S’enlover

    Aimé par 3 personnes

  4. Décidément ce « blues roumain » est une mine, il a des « Danube John Hurt » et des « Pope Gary Davis » plein les pages.

    Aimé par 2 personnes

  5. […] Un texte de Ana Blandiana lu ici […]

    Aimé par 1 personne

  6. ” Le langage est une peau: je frotte mon langage contre l’autre. C’est comme si j’avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir. L’émoi vient d’un double contact : d’une part, toute une activité de discours vient relever discrètement, indirectement, un signifié unique, qui est « je te désire », et le libère, l’alimente, le ramifie, le fait exploser (le langage jouit de se toucher lui-même) ; d’autre part, j’enroule l’autre dans mes mots, je le caresse, je le frôle, j’entretiens ce frôlage, je me dépense à faire durer le commentaire duquel je soumets la relation.”

    Roland Barthes, extrait des Fragments d’un discours amoureux

    Aimé par 2 personnes

  7. Les fourmis du marronnier

    Les fourmis parcourant le tronc du marronnier
    Suivent obstinément leur route verticale.
    C’est trop tôt dans l’année pour trouver des cigales,
    Pas trop tôt cependant pour remplir les greniers.

    Comme il les satisfait, leur labeur routinier,
    Comme leurs journées sont entre elles bien égales !
    C’est le meilleur aspect de la vie monacale :
    Manger, pour les fourmis, c’est toujours communier.

    N’en est-il pas ainsi du peuple des bureaux ?
    Ruche peu bourdonnante, armée sans généraux,
    Moines au scriptorium dans la lumière grise.

    Combien j’aimerais mieux être nuage au vent,
    Ou un débris d’épave en la mer dérivant,
    Ou du vieux marronnier la feuille dans la brise.

    Cochonfusius

    Les fourmis du marronnier

    Aimé par 1 personne

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