Lambert Schlechter – Chaque ligne…

chaque ligne, à peine écrite, t’échappe
et est déjà posthume

chaque page, si sublime, si triviale soit-elle
est déjà hors du temps

impénitent scribouillard
tu remplis feuillet après feuillet

et sans que tu le veuilles
tu fignoles dans l’ « aere perennius »

à chaque syllabe tu te venges de ta mort

***

Lambert Schlechter (né en 1941 à Luxembourg)Enculer la camarde (Phi, 2013)

~ par schabrieres sur janvier 3, 2014.

4 Réponses to “Lambert Schlechter – Chaque ligne…”

  1. Elle me plaît cette poésie. C’est la troisième publiée sur ce blog de cet auteur qui a d’ailleurs réalisé un commentaire à la suite de la parution de son premier poème ici. Il s’en disait touché, je le comprends. Franchement, ils ne m’avaient pas enthousiasmé jusqu’alors ses poèmes. Je me suis même étonné qu’ils soient sélectionnés. Vu l’échange quasi amical de commentaires entre Stéphane et Lambert, j’ai été jusqu’à soupçonné une faveur accordée à ce dernier, une opération de courtoisie. J’ai imaginé aussi une raison vénale ; Lambert aurai en échange de cette publication fait office d’entremetteur entre Stéphane et une banque luxembourgeoise peu regardante sur la provenance de l’argent qui lui est confié. Chacun sait si la poésie est un art lucratif… Mais avec ce poème, je me dis que je ferais bien d’arrêter les interprétations… Pour me dissuader de récidiver, j’envisage de m’imposer une punition exemplaire ; faire 50 pompes en chantant « Ma liberté de penser » de Florent PAGNY. C’est pas moi qui chercherai à lui retirer sa liberté de penser à celui-là, au contraire qu’il en use, ça lui évitera de chanter un texte aussi insipide que celui-là ou son trop fameux « savoir aimer ». Je ne connais pas les paroles et n’irais pas les écouter car le titre est en soi tout un programme, c’est le cas de le dire… S’il y a quelque chose que je sais c’est que l’amour est mystérieux, ce qui correspond assez bien à la définition qu’en donne LACAN ; « l’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas ». On n’est sur un blog littéraire, je cite un intellectuel, mais attention, ça ne veut pas dire qu’à mes yeux les intellectuels détiennent la vérité et les chanteurs populaires ne sont bons que pour dire des « âneries » comme dirait Antigone. Voyez par exemple mais surtout écoutez le plus populaire de nos chanteurs populaire, jean-Jacques Goldman, quand il chante « Sache que je », ça commence comme ça ; « Il y a une question dans je t’aime »

    Avouez que ça ce tiens bien comme texte ?

    Pour un exemple d’intellectuel qui n’éveille pas, il y en a un sur le service publique qui est avant tout plein de bons sentiments (comme l’enfer) c’est BHL. J’irais pourtant pas lui jeter des tartes à la crème à BHL, j’exècre la violence. J’ai vu le gars qui jette des tartes à la crème dans un débat sur Pasolini et son film « Les 120 journées de Sodome » c’est assez marrant de voir Noël GODIN (c’est son nom) qui croit incarner la subversion avec ses tartes à la crème dire que le film de Pasolini n’est pas subversif. Tous le débat est intéressant 8mn, mais Godin prends la parole au bout de 2mn 8s ;

    http://www.ina.fr/video/I04148609

    Je n’aime pas sa manière de toucher ses cibles, ni leur choix. C’est sûr que c’est pas en entartrant Bernard-Henri Lévy, Bill Gates, Doc Gynéco, le ministre belge Édouard Poullet, Jean-Luc Godard, Marco Ferreri, Maurice Béjart, Nicolas Sarkozy, Pascal Sevran, Patrick Bruel, Patrick Poivre d’Arvor… qu’il va recevoir des menaces de morts… ce type est un amuseur de la trempe de Dieudonné en plus soft (encore que Dieudonné n’exerce aucune violence physique) pour reprendre l’expression de notre ministre de la justice, c’est de la « barbarie ricanante ». Soit dit en passant, je trouve que parmi les politiques ce n’est pas elle qui s’exprime le plus mal quoi que l’on pense du contenu.
    Oui, alors mon châtiment, mes pompes, la liberté de pensée… Il ne faut pas que j’oublie qu’au départ je souhaitais commenter la poésie du jour. Oui, elle m’a tapée dans l’œil, celle-là fait partie de celles que j’attendais. C’est le dernier vers qui a fait Boum en premier.

    « à chaque syllabe tu te venges de ta mort »

    Je sais pu quoi dire pourtant je veux en dire autre chose que ça a fait Boum. Peut-être commencer par cette expression « Tuer le temps ». Tuer la mort, en voilà un truc insensé qui plairait à Tertullien ! Est-ce que si on dit « à chaque syllabe tu tues ta mort » ça a le même effet ? Est-ce que si on dit « à chaque syllabe tu vies » c’est pareil ? Est-ce que vivre c’est ce venger de la mort ? Se venger c’est quand on réplique à une attaque. La mort nous attaque. En permanence, elle nous attaque et il faut se défendre. Ne rien lâcher. En fait si on la laissait faire, si on ne se défendait pas elle nous aurait. Il faut lui infliger des coups et pas des tartes à la crème, les tartes à la crème c’est des coups de la mort, il lui faut des coups de mots, des qui font mal. Il y aurait chez les écrivains, les écrivants disent certains, une pulsion de mort qu’ils combattraient par l’écriture. Mais on peut aussi se demander si ça n’est pas une vengeance par anticipation…?
    Plus je le lis, plus il me fait penser à du Guillevic. Ce sont des poèmes qui ce mérites. On est touché dès la première lecture mais pour en recueillir la quintessence, il faut y revenir comme je le fait à présent. C’est comme le bon vin, il faut le garder longtemps en bouche pour en apprécier toute la saveur. Je n’ai rien trouvé de mieux pour cela que de mettre par écris mon questionnement. J’ai parfois l’impression quand j’écris de faire un pied de nez à la mort. C’est comme si j’étais dans une cours de récréation et que l’on jouait à chat perché. On dirait que je serais le chat et la mort essayerait de me toucher. Lorsque je suis perché sur un muret par exemple, la mort ne peut pas m’atteindre. Mais si je ne suis pas perché alors là c’est la panique, je cours dans tous les sens à la recherche d’un abris, j’essaie d’esquiver la mort. Quand je suis perché, je suis intouchable donc et bien quand j’écris, je suis perché, intouchable et c’est à ce moment là que je lui fait un pied de nez à la mort pour me venger. J’imagine un lecteur qui aurait une voix intérieur qui lui dirait « Ouais, pour être perché, il est perché celui-là » en balançant doucement sa tête de haut en bas et en prenant un air consterné. En attendant la mort, j’ai fignolé ma dernière poésie (en date I hope !). Après deux tentatives précoces (Ejaculateur précoce de poésie) diffusées en commentaire d’un poème de JC Pirotte voilà la troisième qui m’apporte une plus grande satisfaction d’où peut-être mon humeur badine, je suis perché quoi !

    Combattre le flux violent des remords
    Qui entrave sans trêve mon essor

    Lutter contre la pluie, contre le vent
    Attendre impatiemment, un printemps

    Crier ma détresse à l’adresse
    D’un désert infini de tristesses

    Et soudain, alors que tout fut vain
    Comme une amie, ce poème vint.

    Bonne Année

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  2. « J’écris pour me prouver que je suis en vie » Jean-Claude PIROTTE

    Je me dis qu’il faut écrire pour qu’à un moment donné quelque choses sorte qui m’interpelle. C’est le grand déballage et je fouille. Chercheur d’or mais je dois remuer beaucoup de terre et de pierres sans valeurs avant qu’enfin jaillisse une pépite. Dur et indispensable labeur. Les mots défilent et défient le temps. Une aventure que d’écrire. Quel sera le mot suivant ? Impossible de le dire, je l’attends mais à peine est il là qu’il faut passer au suivant. Il y aura un dernier mot qui n’aura pas de suivant, ce pourrait être celui-ci ou celui-là mais jamais je ne le saurai qui sera le dernier. D’autres que moi le sauront. « Ce furent ses derniers mots. » On y apporte plus d’importance aux mots des extrémités qu’aux mot du milieux par exemple. Les derniers mots, dernière manifestation de vie.

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  3. « J’écris pour me prouver que je suis en vie » Jean-Claude PIROTTE

    « En dehors de ses livres, elle ne valait rien. Elle n’était sûre de rien. La signification ne prenait sa pleine valeur que sur papier. La signification n’était bienvenue, et bien reçue, que sous l’astiquage de ses phrases effrontées. À l’extérieur, elle livrait mal la marchandise, elle souffrait de désorientation. À l’extérieur, le monde n’avait jamais grand sens. »

    Nelly ARCAN, La robe.

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