Francis Giauque – La vraie vie est absente
un jour
une année
des siècles
sans toi
le courage se défait
l’agonie prend forme d’éternité
sans toi
sans eux
les autres qu’il faudrait rejoindre
qui sont trop loin déjà
ailleurs
insaisissables
entre nous
une paroi de roches si lisse
que les mains n’y trouvent pas d’appui
on se lève le matin
hébété
on se regarde dans la glace
ces yeux
ce visage
ce rictus
pas moi
un autre
un étranger
un malade bien sûr
ils l’ont tant répété
les lâches
pour qu’il ne reste vraiment plus rien
à accrocher au gibet de l’amour avorté
***
Francis Giauque (Prêles, Suisse 1934-1965) – Oeuvres (Editions de l’Aire, 2005)
« Il faut l’accepter. Le noir dedans de soi. Accepter de vivre avec. Sinon comment vivre avec le noir dedans de l’autre. Comment aimer le noir dedans de l’autre si l’on n’aime pas le noir dedans de soi. Et sans l’autre près de son noir. Il fait si noir. »
Extrait de Noir dedans de Thomas Vinau
Des lâches oui, mais seulement si on considère que nier son noir dedans relève de sa volonté, et on ne choisit pas d’avoir peur du noir.
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Vincent said this on juillet 27, 2014 à 7:52 |
Un jour, je me souviens avoir lu sur ce site une personne qui se définissait comme « une tueuse de Giauque ». C’est idiot n’est-ce pas, comme si on n’assassinait pas assez les poètes comme cela!
Cela dit, n’y a-t-il pas du courage dans le fait de ne renier ni l’obscurité ni la lumière? Est-ce que ce n’est pas dans ce mélange intime (pardon, je suis dans quelques lectures philosophiques aussi) que consiste la vie?
Et puis, c’est con mais parfois la bonne humeur, c’est juste un peu de gentillesse. Ecouter des compliments (non surfaits bien entendu).
Je vois une grande lâcheté aussi à fuir systématiquement les mots qui réunissent, qui chantent la vie.
Enfin moi, ce que j’en dis ….. dois-je encore craindre le pire? Evidemment tout est relatif, je parle du pire depuis ma pauvre petite subjectivité et ma misérable sensibilité.
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Antigone815 said this on juillet 28, 2014 à 4:57 |
« La poésie vaut infiniment mieux que la réalité. » Henri Frédéric Amiel
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schabrieres said this on juillet 29, 2014 à 7:25 |