René Char – Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud !
Tes dix-huit ans réfractaires à l’amitié, à la malveillance, à la sottise des poètes de Paris ainsi qu’au ronronnement d’abeille stérile de ta famille ardennaise un peu folle, tu as bien fait de les éparpiller aux vents du large, de les jeter sous le couteau de leur précoce guillotine. Tu as eu raison d’abandonner le boulevard des paresseux, les estaminets des pisse-lyres, pour l’enfer des bêtes, pour le commerce des rusés et le bonjour des simples.
Cet élan absurde du corps et de l’âme, ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c’est bien là la vie d’un homme! On ne peut pas, au sortir de l’enfance, indéfiniment étrangler son prochain. Si les volcans changent peu de place, leur lave parcourt le grand vide du monde et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies.
Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud! Nous sommes quelques-uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi.
***
René Char (1907-1988) – Fureur et Mystère (1948)
Ce texte est l’une de mes grandes références : quitté la France en 1994, que de choses vues et vécues depuis, sur trois continents… Mais, à la fin, pourquoi ?
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Yann Garvoz said this on novembre 1, 2012 à 10:51 |
La rose est sans pourquoi… Angelus Silesius
Merci pour ce poème, si sublime et poignant. Ah Rimbaud… parfait damné d’une nuit d’enfer, sans cesse éveillé… (Ô pureté ! Ô pureté ! / C’est cette minute d’éveil qui m’a donné la vision de la pureté !)
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fayçal said this on novembre 1, 2012 à 11:22 |
Patrick ASPE – Considérons Rimbaud
Je remonte l’objection. Considérons Rimbaud
Rimbaud est à voir double
Une fois poète
Une fois trafiquant
Je le verrais poète, car son trafic, sa maladie, son errance ne m’intéressent peu
aujourd’hui
Rimbaud échappe à la révélation
Il est de chaque moment
Il est incurable.
Il est vrai il est discrétion
Il est éclair il est parcours
Il est promesse il est initiation
Il est pierre il est cohérence
Il est indéfiniment il est triomphe
Rimbaud est un phénomène qui fait que la poésie échappe merveilleusement aux formes
dérisoires qu’elle a pu emprunter sous la conduite des tyrans…
Rimbaud libère Rimbaud opère
Rimbaud aime Rimbaud se bat
Rimbaud évite Rimbaud s’échappe
Rimbaud se heurte Rimbaud perd pied
Rimbaud Londres Rimbaud remonte
Rimbaud se découvre Rimbaud découvre
Rimbaud s’affirme Rimbaud indiffère
Rimbaud aime encore plus, et de plus en plus fort
Rimbaud saigne Rimbaud ivresse
Rimbaud voyage Rimbaud paroles
Rimbaud vie Rimbaud cri
Rimbaud les mots
Rimbaud
Dérisoire firmament où l’enfant savait sa perfection
Oh ! Doux frère, échappe toi, homme libre, originalité même de ta révélation, fascine toi
scintillante hypnose de ta voix, et brave l’extrême possession que tu as des mots.
Rimbaud cesse d’écrire…
Rimbaud malade
Rimbaud meurt, éternel phénomène colossal de la poésie t-elle qu’elle doit être,
t-elle qu’elle doit se faire
Nous t’avons reçu, n’est pas cela l’essentiel…
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ASPE said this on novembre 2, 2012 à 9:06 |
Patrick ASPE
J’ai dix-sept ans et du soleil plein les yeux Patrick ASPE J’ai dix-sept ans et du soleil plein les yeux Le cœur dans les mains l’âme dessinée pour jongler avec le temps passagère des vents illusions des rires graves zigzags éclairés par des lunes funambules demain j’irai à Londres goûter aux ombres des brouillards luisants sur les pavés des boulevards les mots font des guirlandes dans mes songes... « »Le vent chargé de bruits – la ville n’est pas loin – A des parfums de vigne et des parfums de bière…. » »
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ASPE said this on novembre 2, 2012 à 9:07 |
A reblogué ceci sur rhizomiques.
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didier bazy said this on novembre 15, 2013 à 9:02 |