Edmond-Henri Crisinel – Renoncement
I
« Je ne cueillerai pas les fleurs. » Ce vers me hante.
Il me rappelle un soir que dans l’enfer de Dante
Nous étions descendus, comme en songe, meurtris,
Toi les yeux révulsés, moi retenant mes cris,
D’un singulier duel amoureuses victimes.
Ce vers m’ayant frappé (jailli d’un autre abîme),
Quand, l’oeil fixe, je lus le poème au matin
Désolé, je compris qu’il changeait mon destin.
II
O toi qui viens à moi, jeune et semblable à l’Autre,
Les mains pleines de tout, de tout ce qui fut nôtre
(Hallucinante image en sa gravité soeur),
Sache que je renonce à l’amère douceur
D’aimer, d’aimer un beau visage aux yeux immenses
Où je lirais, perdu, fasciné par l’intense
Embrasement du rêve, un présage certain,
Et la même épouvante et le même destin.
***
Edmond-Henri Crisinel (1897-1948) – Le Veilleur (1939) – Poésies (Pierre Cailler, 1949)
F.W. « L’Étoile de ceux qui ne sont pas nés », le « Renoncement » à poursuivre le laborieux et cruel chemin trop loin pour d’autres
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Quent1 said this on juin 14, 2014 à 2:22 |