Claude Esteban – Là où quelqu’un n’a plus d’yeux…
Là où quelqu’un n’a plus d’yeux
quelqu’un pleure
là où la chair ne ressent rien
reste la douleur
là où l’espace est sans limites
un cœur s’étouffe
est-ce tout, faut-il
qu’on imagine dans l’obscur ce qui transcende
l’obscur, c’est moi
cette chose dont on dit qu’elle n’est qu’une ombre
j’ai peur
de ne mourir jamais.
*
There where someone has no eyes,
someone cries.
there where flesh has lost all sense,
pain resides
there where space is limitless
a heart suffocates
is that all, one must wonder
in the darkness, what transcends
the darkness, it’s me
this thing they call nothing but a shadow
I am afraid
of never dying
***
Claude Esteban (1935-2006) – Fayoum (Farrago, 1999) – Translated by Jessica Slavin.
« j’ai peur de ne mourir jamais », j’en meurs de plaisir.
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Vincent said this on janvier 20, 2015 à 6:18 |
là où quelqu’un n’a plus d’yeux
un cœur s’étouffe
là où la chair ne ressent rien
là où l’espace est sans limites
quelqu’un pleure
est-ce tout, faut-il
ne mourir jamais?
ce qui transcende
l’obscur c’est moi,
cette chose dont on dit qu’elle reste la douleur
n’est qu’une ombre
(j’ai peur
qu’on imagine dans l’obscur)
***
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bellanger said this on janvier 21, 2015 à 11:32 |
[…] of this poem by Claude Esteban, recently posted on Beauty Will Save the World. First my translation, then the […]
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Claude Esteban’s “There Where Someone Has No Eyes” | like an apple said this on janvier 22, 2015 à 12:33 |
J’ai peur de ne mourir jamais.
« La mort… est du domaine de la foi. Vous avez bien raison de croire que vous allez mourir, bien sûr. Ca vous soutient ! Si vous n’y croyez pas, est-ce que vous pourriez supporter la vie que vous avez ? Si on n’était pas solidement appuyé sur cette certitude que ça finira… est-ce que vous pourriez supporter cette histoire ? Néanmoins, ce n’est qu’un acte de foi. Le comble du comble, c’est que vous n’en êtes pas sûr ! Pourquoi il n’y en aurait pas un ou une qui vivrait jusqu’à cent cinquante ans. Mais, enfin quand même, c’est là que la foi reprend sa force.
Alors au milieu de ça, vous savez que ce que je vous dis là, c’est parce que…et bien, c’est que j’ai vu ça, hein. Il y a une de mes patientes, il y a très longtemps, de sorte qu’on en entendra plus parler, sans ça, je ne raconterais pas son histoire. Elle a rêvé un jour, comme ça, que « l’existence rejaillirait toujours d’elle-même » ! Le rêve pascalien d’une infinité de vie se succédant à elles-mêmes sans fin possible. Elle s’est réveillée presque folle ! Elle m’a raconté ça, bien sûr que je ne trouvais pas ça drôle.»
Jacques Lacan et la mort. Louvain.
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Vincent said this on février 1, 2015 à 9:27 |