Guillaume Apollinaire – Fusée-signal
Des villages flambaient dans la nuit intérieure
Une fermière conduit son auto sur une route vers Galveston
Qui a lancé cette fusée-signal
Néanmoins tu feras bien de tenir la porte ouverte
Et puis le vent scieur de long
Suscitera en toi la terreur des fantômes
Ta langue
Le poisson rouge dans le bocal
De ta voix
Mais ce regret
À peine une infirmière plus blanche que l’hiver
Éblouissant tandis qu’à l’horizon décroît
Un régiment de jours plus bleus que les collines
Lointaines et plus doux que ne sont les coussins de l’auto
***
Guillaume Apollinaire (1880-1918) – Nord-Sud, n° 2, 15 avril 1917 – Oeuvres poétiques complètes (Gallimard, 1956)
« Ta voix le poisson rouge dans le bocal de ta voix » est une belle métaphore. Le bocal fait implicitement allusion à une voix de cristal, le bocal pouvant être aussi fait de cette matière.
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sylvainfoulquier said this on juin 15, 2017 à 6:12 |
Je tiens Apollinaire pour le plus grand poète du vingtième siècle. Les vers « Ta langue le poisson rouge dans le bocal de ta voix » sont une image surréaliste avant l’heure. qui a inspiré Breton, Eluard, Soupault etc…et peut-être certains peintres surréalistes aussi. Ce qu’il y a d’unique dans l’oeuvre d’Apollinaire c’est qu’elle semble embrasser tout l’horizon poétique, des traditions européennes et orientales de toutes les époques (antiquité, Moyen-Age, baroque, classicisme, romantisme etc) à l’avant-garde débridée et foisonnante du Paris du début du vingtième siècle. Une poésie éternellement jeune.
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Sylvain said this on avril 24, 2021 à 6:03 |