Branko Miljković – L’amour de la poésie
J’aime le bonheur qui n’est pas heureux
Le poème qui réconcilie les poèmes fâchés
La liberté qui a ses esclaves
Et la lèvre qui s’achète pour un baiser
J’aime le mot que deux images s’arrachent
Et l’image dessinée sur la paupière de l’intérieur
Les fleurs qui se querellent avec le temps
Au nom des fruits et de l’honneur printanier
J’aime tout ce qui se meut car tout ce qui se meut
Se meut selon les lois de l’immobilité et de la mort
J’aime toutes les vérités qui ne sont pas de rigueur
Car timide est la vérité vraie comme le parfum
J’aime les tendresses d’hier
Dire à mon corps « assez » et rêver des plantes
Des doigts des yeux de l’ouïe autrement disposés
Dans la forêt que dans le corps
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Branko Miljković (1934-1961) – Traduit du serbe par Zorica Terzić