Alain Bosquet – Un mort heureux
Je n’ai pas disparu
car il suffit de se pencher sur la rivière :
ce sont mes mots qu’elle chuchote
avec douceur, les nuits de pleine lune.
Je suis tout près :
regardez le platane,
qui prend mes vieilles attitudes,
celle de la rancœur et celle de l’espoir.
et même le nuage me ressemble,
je vous assure,
avec cette manière de bouder,
puis soudain d’éclater de rire.
Je suis un mort heureux, n’en doutez pas :
j’habite votre pain,
votre doute léger,
le tremblement qui accompagne
vos journées trop remplies.
Je suis une fourmi, une virgule,
un verre d’eau pour vous servir.
Me ferez-vous l’honneur de me croire, à présent
que je suis décédé ? »
***
Alain Bosquet (1919-1998) – Demain sans moi (Gallimard,1994)
La fluctuation des humeurs de certains poètes s’ explique parfois simplement par leur narcissisme décuplé par la consommation de produits artificiels.
Espérons qu’il n’y ait pas de haschich dans le pain fraternel.
Dieu merci, il existe des poètes qui ne font pas des caprices de gamin.
Des veilleurs authentiques qui n’épuisent ni les muses ni le monde, ni la philosophie, ni la poésie elle-même.
Il s’ agit de grandir, dès demain, en se préoccupant enfin de la sensibilité du prochain. Sous peine de devenir une plume célébrant exclusivement le lointain et la docilité bêtifiante.
Ceci dit, ce poème est superbe.
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Bonjour.Pensez vous qu’il suffit de boire ou de se droguer pour avoir une âme qui se dévoile?Narcissisme? Non!le poète rendra hommage à tout et,rien,puisqu’il sentira ,percevra ,tout ce qui sera animé ou mort autour de lui .de l’odeur du pin,du chant de la cigale il deviendra arbre ou cigale sans le savoir.
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Les grands poètes n’ont nul besoin de paradis artificiels.
Et je me demande même si l’écriture n’est pas empêchée dans une certaine mesure par ces artifices; exception faite de quelques génies, mais « n’est pas génie qui veut ».
E t oui, je m’insurge contre ces poètes qui idolâtrent des muses, puis en font des déchets au gré de leurs consommations artificielles.
Ils passent à côté de tout, de la vie, comme de l’âme humaine.
Les muses ne sont pas des déesses et le paradis artificiel ou biblique n’existe pas.
Je crois aux poètes amoureux du vrai, qui ne font pas l’économie des chants terrestres; et tant pis si le sublime y est quelque peu malmené; la musique de ces poètes sonne juste, et c’est cela qui est touchant et bouleversant. Leur poésie ne nous est pas étrangère, nous reconnaissons l’humain en elle. Et c’est elle qui paradoxalement est à même de sublimer le monde, loin du mensonge des idoles et des arrières-mondes.
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Beauty won’t save the world, unfortunately … thus, carpus diem
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sans les muses est-ce que Musset aurait écrit ses nuits…Tiens nous sommes en octobre:)
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Alain Bosquet – 100 notes pour une solitude
http://www.ina.fr/video/CPF10005672
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