Roger-Arnould Rivière – Je sais la caresse du petit matin…
Je sais la caresse du petit matin, l’aplomb brutal de midi, la sournoise inversion du soir
je sais le vertigineux à-pic de la nuit et l’accablante horizontalité du jour
je sais les hauts et les bas, les hauts d’où l’on retombe à coup sûr, les bas dont on ne se relève pas
je sais que le chemin de douleur n’a de stations qu’en nombre limité
je sais le souffle haché, le souffle coupé, l’haleine fétide, les effluves d’air cru et les émanations de gaz de ville
je sais les étreintes vides, la semence crachée par dépit sur la porcelaine
je sais la face du mot qui vous sera renvoyée comme un gifle
je sais que l’amitié et l’amour n’ont pas d’aubier
je sais que les amarres rompues, le cou brisé, la semelle usée ont pour commun dénominateur la corde
je sais que la détonation contient le même volume sonore que les battements de cœur qui bâtissent tout une vie.
j’ai vécu pour savoir et je n’ai pas su vivre.
Septembre 1959
***
Roger-Arnould Rivière (1930–1959) – Poème de la cassure (Guy Chambelland) – Poésies complètes (Guy Chambelland, 1963)
Ce savoir tyrannique, qui va si souvent à l’encontre de la vie.
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[…] [Texte découvert sur le site « beauty will save the world », voir le lien ci-dessous] https://schabrieres.wordpress.com/2013/08/04/roger-arnould-riviere-poeme-de-la-cassure-1959/ […]
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