Santiago Montobbio – Un petit insecte perdu sur le mont ultime…
Un petit insecte perdu sur le mont ultime.
L’homme n’est pas grand-chose de plus dans la vie, obscur.
Obscur et grièvement blessé et dévoré par le temps et l’oubli.
Feuille sèche, branche cassée, ruisseau asséché, insecte infime,
et des êtres déjà gâchés, minuscules, qui vont main dans la main
entremêlant leur destin au pas des jours.
Cette montagne ultime est le néant ou bien peut-être Dieu,
une monnaie qui tombe toujours sur sa tranche
et se fixe ainsi et demeure
sur les rails du temps.
Là nous nous perdons. Là nous vivons.
L’homme est toujours un dernier feu, secret.
*
El insecto pequeño y perdido por el monte último.
No mucho más es en la vida del hombre, oscuro.
Oscuro y malherido y devorado por el tiempo y el olvido.
Hoja seca, rama partida, arroyo también seco, insecto pequeño
y seres ya gastados, diminutos, van dándose en él la mano
y trenzando con el paso de los días su destino.
Ese monte último es la nada o Dios acaso,
una moneda que siempre cae de canto
y fija así se queda
sobre los raíles del tiempo.
Allí nos perdemos. Allí vivimos.
El hombre es siempre un fuego último, secreto.
19 mars 2009
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Santiago Montobbio (né à Barcelone en 1966) – La poesía es un fondo de agua marina (2011) – La poésie est un fond d’eau marine (Editions du Cygne, 2011) – Traduit de l’espagnol par Jean Dif.