Charles Baudelaire – Épigraphe pour un livre condamné
Lecteur paisible et bucolique,
Sobre et naïf homme de bien,
Jette ce livre saturnien,
Orgiaque et mélancolique.
Si tu n’as fait ta rhétorique
Chez Satan, le rusé doyen,
Jette ! tu n’y comprendrais rien,
Ou tu me croirais hystérique.
Mais si, sans se laisser charmer,
Ton œil sait plonger dans les gouffres,
Lis-moi, pour apprendre à m’aimer ;
Âme curieuse qui souffres
Et vas cherchant ton paradis,
Plains-moi ! … Sinon, je te maudis !
*
Epigraph For A Banned Book
Gentle reader, being – as you are –
a cautious man of uncorrupted tastes,
lay aside this disobliging work,
as orgiastic as it is abject.
Unless you’ve graduated from the schol
of Satan (devil of a pedagogue!)
the poems will be Greek to you, or else
you’ll set me down for one more raving fool.
If, however, your impassive eye
can plunge into the chasms on each page,
read on, my friend: you’ll learn to love me yet.
Inquiring spirit, fellow-sufferer
in search, even here, of your own Paradise,
pity me … If not, to Hell with you!
***
Charles Baudelaire (Paris, 9 avril 1821 – Paris, 31 août 1867) – La Revue européenne, 15 septembre 1861 – Les Fleurs du mal (1868) – Edition définitive – Les Fleurs Du mal (David R. Godine, 1983) – Translated by Richard Howard.
Je n’aime pas, j’adore ! Merci pour ce partage 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Elisa said this on août 31, 2017 à 8:08 |
J adore
J’aimeAimé par 1 personne
magor said this on janvier 2, 2019 à 10:49 |